07-01-2017
Vercors
700
1200
1900
D
17

Départ samedi 6h du matin de Lyon…retour 4h le dimanche, heureusement qu’on est pas sorti dimanche…

Retour sur une d’une sortie de 22h… trajet compris.

 

On décide de faire la goulotte de l’Arche dans le Vercors suite à un balayage des topos le jeudi à la perm et a un repérage des conditions météos le vendredi. Le topo nous vend du rêve et les derniers CR postés sont plutôt convaincants : facile, idéal pour débutant, super protégeable, faisable en conditions sèches, sortie de 7h marche d’approche et descente comprises… Aller on y va avec Manu.

Le temps de trouver le chemin, prendre un café, garer la voiture, s’équiper on part de la voiture à 9h, le thermomètre annonce -13°C. On monte, on se découvre, l’effort nous réchauffe, la voie se dessine au fil des lacets dans la forêt. On arrive à la cabane de la Peyrouse. On continue plein sud en montant vers le départ, de la goulotte est ultra sèche, pas de trace de neige, ni de glace. Journée rocher :’(

On quitte le chemin pour attaquer ce qui nous semble être le départ de la goulotte, il est 10h15. On passe un premier ressaut suivi d’un pierrier avant de s’encorder. Première longueur de 40m avec une traversée qui se termine sur… rien, nada… et rien qui colle avec le topo. Ok, la voie doit être plus loin vers le Nord. On continue sur une vire évidente pour tomber sur deux pitons. houhou ! Ca y’est on a trouvé la voie! Au dessus un goulet se dessine en bas une pente de neige sans neige avec plein de traces de passage, ca pourrait coller avec le topo. On s’engage dans la longueur pour arriver sur une vire et là plus rien ne correspond du tout avec le topo… on continue ? Ca à l’air faisable et le relais précédent nous a mis en confiance, aller go, c’est parti. Dans la voie la roche est bien péteuse par endroit, les points de protections sont à étudier avec minutie. On trouve 1 piton dans la voie. C’est bon, on est bien dans UNE voie :)… Manu en tête purge bien tout ce qu’il faut. Heureusement qu’on a bien protégés nos relais en décalé ou bien sous surplomb.

Cette longueur bien que tres belle vue d’en bas s’avère aussi un peu délicate, un goulet bien étroit. 15m pas facile au début (ni après), rocher toujours péteux, idéal pour débutant qu’ils disaient ! Petite marche, petite pause,  récupération de chaleur. Nouveau passage délicat, Manu décide de sortir les pioches pour s’aider à passer. Ayant déjà bien donné auparavant, mon leader commence a être bien cramé et me propose d’y aller  après deux tentatives infructueuses. « Aller victor un fin grimpeur comme toi, ça nous sort ça à l’aise. Moi je suis cuit... ».

 ok, t’es sur ? Aller j’y vais. Départ toujours pas facile, mes gants me gênent, je les range. On va grimper même s'il fait froid, à l’ancienne. C’est parti. Le départ en moul est assez facile mais le rocher est vraiment bien péteux. Ok ça passe. Arrivée à la marche, récupération de mes doigts bien gelés. Le crux est au dessus. La protection dessous. On respire. Une fois bien réchauffés je repars à l’assaut. Les pieds sont minimes, l’espace dans le dièdre est fin, je passe en opposition de tout mon corps, une fois avec les talons, l’autre avec l’aide de mon sac à dos et je progresse lentement. Après chaque pas difficile je pose les protections sur friends ou sur sangles. La dernière partie  est franchement déversante et bien tendu. Je sors les pioches de mes carrytools, pas le choix faut passer en mode dry. Je trouve une faille au dessus, j’y mets mon piolet, ça tient. Je tire dessus, je pousse sur le dos, je mange de la poussière et des cailloux. Je passe le ressaut le palpitant au taquet, c’est bon, je suis passé, c’est grisant. Le rétablissement sur une langue de terre/cailloux n’est pas évident. Juste au dessus, une terrasse se dessine. Une énorme écaille fera office de relai. Pffchu, ça c’est fait. J’exulte. On l’a sorti cette p'tain de longueur!!! Manu me rejoint. 16h, il est bien tard. Et on n’est pas arrivé au sommet. On est à 1900m, la sortie est à 2000. On décide de battre en retraite. De notre relais on voit le couloir de descente (ultra sec dans la partie haute) au bout d’une vire… ca doit etre jouable, on tente le coup. Après la vire qui s’avère tout de même bien raide on arrive en haut d’un premier couloir.  Le soleil se couche, il est grand temps de lancer les rappels et faire un peu de D-. On pose notre premier rappel sur ficelou. Cadeau à la montagne qui sera le début d’une longue série. Visibilité réduite (couloir de descente en lacet). Manu y va pour trouver un nouveau point de relais. Et là, c’est long, très long, la corde toronne à fond. Après une bonne demi- heure, il trouve un bon éperon où il pose une sangle. Ca nous fera notre relais. Je descends et le retrouve. Il fait déjà nuit. On rappelle la corde, et là c’est le « drame ». Après quelques mètres rappelés, ça bloque ! WTF ! Après de nombreux efforts, pas le choix faut remonter. Manu s’y colle, débloque le nœud qui était coincé et redescend. C’est bon, on peut la rappeler. On tire dessus, la corde vient difficilement. Un brin arrive, ok, on a au moins 25m de corde. On retire dessus, ça continue de venir, super. Et après 10m sur le second brin, plus rien à faire. Après de nombreux efforts, et merde… là c’est pas gagné. Plus de possibilité de remonter. On abandonne la corde bloquée. On récupère un bout de 10 mètres pour s’en faire des relais.  On continue la descente. Je ne suis pas loin de capituler et de faire une « Pittorino ». Manu reste serein dans notre progression à chaque fois des bons éperons sont visibles (merci aussi le ciel dégagé et la lune qui nous compense l’éclairage de nos frontales). On descend lentement, très lentement, tous les 20/25 mètres on refait les manip. Apres 4 rappels on termine dans une bande de neige où on peut désescalader en piolet/crampons et en corde tendue. On retrouve enfin le plancher, il est 1h du matin. Dernier sms à Delphine (que je tenais régulièrement au courant pendant notre progression), c’est bon ne t’inquiète pas c’est terminé (le retour était prévu à 20h sur Lyon...). On retrouve la cabane de la Peyrouse, on file à la voiture, on compte le matos laissé à la montagne, plutôt bien réparti entre nous deux, aller on rentre, il est 2h du matin. Grosse journée. 2h plus tard, et après des pauses à 2 stations Total entre Monestier et Lyon pour lutter contre le sommeil au volant, on est de retour sur Lyon.

Conclusion de la sortie : le secteur de la goulotte de l’Arche en conditions ultra-sèche dans les contreforts du Vercors, c’est mieux avec chausson qu’en crampons. Un couloir de descente à faire en neige c’est cool, mais sans neige et de nuit c’est moins marrant.

 

Manu et Victor