12-07-2020
Mont Blanc
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AD
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Réveil à 2h50 au refuge d'Argentière. La nuit a été courte mais confortable, bien que nous ayons eu la surprise de trouver nos affaires déplacées et nos couchettes squatées lors du couchée. On dira que c'est l'ambiance Mont Blanc! Il est tôt, et pourtant nous ne sommes pas les premiers. Déjà des cordées sont parties vers l'arête du Jardin. On avale rapidement notre petit déjeuné, et partons les premiers, devançant une autre cordée avec laquelle nous avions échangés la veille. 2h de montée, pas trop raide, dans une moraine bien tracée suivie d'un glacier, et nous voici à l'attaque. Plus haut, une autre cordée qui était parties 1h en avance nous guide dans les derniers louvoiement de l'approche.

On attaque par des pentes de neiges, moyennement raides, qu'il faut remonter. Nous avons chacun pris deux piolets, l'exercice est donc facile sur une neige au regel parfait. Puis on traverse sous des rochers brisés, toujours dans la neige, jusqu'à rejoindre une petite brèche où l'on prends pied sur l'arête. Le jour est déjà levé et on profite avec bonheur des premiers rayons du soleil. La suite est plus rocheuse, nous gardons tout de même nos crampons. Une première partie sur un rocher assez médiocre nous amène à un premier ressaut. On hésite sur le cheminement, descendre dans un couloir, traverser à niveau? Finalement on l'attaque de front, on monte un peu et traversons plus haut sur une large plateforme. De l'autre côté, on rejoint le haut d'un couloir et un large col. Là, il nous faut traverser sous un mur vertical, puis remonter dans un terrain facile mais pas toujours très protégeable. Nous voici au pied d'un nouveau ressaut. Voici que nous attaquons alors une grimpe agréable, quoi qu'un peu physique. Puis, de nouveau une traversée. On prends pied dans un couloir en neige. On a presque rattrapé la cordée nous précédent. Celle ci a choisi de remonter dans la neige, mais nous préférons rester sur la rive et emprunter un amas de blocs, gros et petits, mais globalement assez stables.

Nous voici au pied du dernier ressaut, qui doit nous emmener en haut de la flèche Rousse. Il est possible de contourner ce ressaut par une traversée en neige pour rejoindre directement l'arête qui mène au sommet de l'aiguille d'argentière. L'idée me traverse l'esprit, mais Jean me ramène immédiatement dans le droit chemin! Au dessus, la seconde de la cordée nous précédent est en difficulté, jure, pleure de n'avance pas. Elle semble fatiguée et impressionnée, mais son leader l'encourage et elle progresse petit à petit. Plutôt que d'attendre, Jean propose que nous les doublions par une fissure sur la gauche. Du bas, la progression y semblait aisée mais une fois dedans, c'est une autre paire de manche. On s'emploi dans de très jolis pas mais tout de même un peu corsés. Nous nous rétablissons plus haut, mais sans avoir pu doubler la cordée précédente. Encore une belle longueur, le "crux" d'après les topos. Une fissure dans laquelle on renfougne, les sacs se coincent et on ne se sent pas toujours très à l'aise dans cette cheminée. Mais plus haut, voici que nous nous rétablissons au sommet de Flèche Rousse!


Pas de vent, la vue est dégagée! On profite de cet instant magique pour une petite pause pic-nique. Nous contemplons les sommets : les droites, la verte ... Du côté du tour, pleins de cordées sur le glacier! Surement des Gaulois se cachent parmi ces petits points noirs. De l'autre côté, le Dolent. On sait que des Gaulois, là aussi, sont présent, mais nous ne les apercevons pas au sommet. Puis il nous faut repartir. Un rappel en fil d'araignée nous amène sur un col. On attaque une petite arête très facile, un nouveau court rappel nous amène à un nouveau col au pied de l'aiguille d'argentière, en haut du couloir en Y. Les derniers mètres mettent le souffle à rude épreuve (pour ma part, l'altitude me pèse depuis déjà pas mal de temps dans la course ...). Et voilà, la calotte de l'aiguille d'argentière. On y est! Une superbe plateforme de neige, large et plane, mais très cornichée côté suisse. Du côté de l'arête du Jardin, nous n'apercevons personne. Pour rejoindre le glacier du milieu, quelques ressauts courts mais très raides en neige nous oblige tantôt à déséscalader, tantôt à tirer un rappel. Puis commencent la longue descente du glacier du milieu, et ses pentes à 45°. L'endroit est exposée, il essaye de ne pas perdre trop de temps pour profiter du créneau où personne ne nous surplombe. Souvent, on retient notre souffle, tout le temps, on pleure le confort perdu de nos mollets...

Nous finissons pas franchir la rimaye, et sortons de cette zone exposée, sans doute le crux de la voie de ce point de vu là. Nous pouvons souffler! On se perds un peu dans le bas du glacier et nous retrouvons à le traverser en large, entre petits seracs, crevasses bouchée et pentes de glace. Puis, nous rejoignons les rochers et enfin, la sécurité. On range le matériel à côté de la cordée qui nous précédé tout du long. Eux prennent la direction de la benne, mais nous, il nous faut repasser au refuge récupérer des affaires. Un temps, l'espoir est permis, mais quand nous arrivons au refuge à 14h, il s'évapore : la dernière benne est à 17h, le temps de refaire les sacs, ça nous obligerait à un sprint fort désagréable ... Mais quelle chance, voici une sacrée compagnie de Gaulois qui nous attends sur le terrasse! Parfait, l'excuse est toute trouvée! S'en suit un petit apéro, des échanges de conseils sur les voies à faire autour du refuge. Lorsqu'ils partent grimper, on prends la tangente et nous dirigeons vers le glacier. A partir du refuge de Lognan, on emprunte d'abord un superbe sentier en sous bois avant de se retrouver sur une large, laide et désagréable piste de ski qui nous mène jusqu'au parking. La gardienne nous avait vendu +30mn en descendant à pied jusqu'à la vallée, cela nous parait un peu osé. Nous arriveront au camion sur les coups de 20h30, exténués par les 2700m de D- avalés dans la journée...

Course magnifique, très joli cadre et belle ampleur. les ressauts grimpent un peu mais sur un rocher solide et très joli. Au final on aura quasiment jamais quitté les crampons, y compris dans le crux de flèche rousse. Et quel plaisir de monter la haut avec Jean, 1 ans après notre échappée aux Fétoules! Reste à trouver le programme de l'année prochaine ... ou des semaines à venir...