10-09-2022
Vanoise
200
2600
2800
PD
9
2

Tout commença par un message improbable d'Erica jeudi à 23h sur un groupe WhatsApp moribond . J'avais pas ouvert le message, que j'avais déjà dit OUI. Ce sera les Arêtes de la Vanoise qui m'ont dominées tout l'été.  Je me dis que je n'aurai pas de 2ième chance, que c'est l'occasion d'inverser les rôles, se retrouver dessus, ça peut être bien aussi.

Je me démène tout le vendredi pour trouver une place en refuge. En vain,  les dernières ont été prises par un certain Belotti.  Et tout ça pour quoi ? pour une balade. Belotti une ballade, sur le plancher des vaches avec les marmottes alors que je m'apprête à tutoyer les cieux avec les aigles. Bref, ce sera nuit sous tente ! 
 
Pour garantir plus de succès à l'expé, on fait des groupes de niveau. Tactique qui a fait ses preuves dans les années 50 lors des premières himalayennes , Lachenal / Herzog, Compagnoni / Lacadelli  , Buhl / ,... etc etc.  Ce sera Erica/Sylvie d'un côté, Christelle/moi de l'autre. 
 
Dès le démarrage, je me colle à leurs basques. Le nez dans les pattes d'Erica, dans un autre contexte, j'aurai déjà pris une claque. A tel point qu'elle s'inquiète de ne pas m'écraser les doigts. 
Arrivée au crux, une brèche un peu étroite, elle s'y glisse comme une anguille et en profite pour me larguer. Je me pointe derrière, ça coince de tous les côtés.  Je m'y reprends à 2 fois, je me contorsionne, je fais passer bourrelet par bourrelet. J'y laisse mon fute, manquant à moitié de m'émasculer en me vautrant de l'autre côté.  Christelle prend de mes nouvelles
- Alors comment ca passe ?
- Tranquille, tranquille, no problemo
 
Arrivée au sommet Est vers midi, Sylvie s'inquiète de notre vitesse de reptation et suggère de changer les équipes pour la suite. Et là, cerné par Erica, Sylvie, Christelle, je fais la douloureuse expérience d'être une minorité sexuelle. Ça ne se bouscule pas pour me prendre sur sa corde. Christelle saute sur la proposition pour me planter là et s'attacher à la première meuf venue,  Erica est à deux doigts de se barrer en solo et Sylvie bafouille une vague explication. Ce sera Sylvie.  Par courtoisie , je la laisse passer devant. J'enfile discretos mes chaussons et laisse les filles avec leurs enclumes aux pieds. Un peu plus loin, on inverse,  je passe devant. Je fais 3 m, rejoins le fil de l'arête .... et  tombe sur un sentier bucolique qui mène au sommet W où j'arrive en bombant le torse devant les 2 autres filles  
- Alors Jérôme, c'était comment en tête?.
- Tranquille, tranquille, no problemo
 
Le descente se fait sans encombre, la désescalade dans le III , les rappels . Y a que le GR qui a causé qques soucis. D'un coup , j'entends du rafus derrière moi, je comprends pas , un troupeau de bison qui charge. Non Sylvie qui s'est pris les pieds dans le tapis , en train de débarouler la pente en roulé-boulé. Et dire qu'une heure plus tôt j'étais encordé avec elle sur une arête. J'en tremble encore