Granier à pied

Les prévisions météo de ce dimanche denier auront eu raison de quelques ardeurs de parcours plus ou moins engagés et m'auront surtout sauver d'une belle bavante :-) . Pour cette journée, un départ presque tardif vers un sommet classique suffira à combler nos attentes. Départ donc vers le Mont Granier, pas si nonchalant qu'il en a l'air, j'y ai déjà pris un un but météo de toute beauté. On scrute sur la route la couverture nuageuse, un espoir de percer le plafond moutonneux nous traverse sans oser l'avouer publiquement.
A force d’entendre les alertes Grand Froid de ces derniers jours, on s'est équipé comme pour une traversée du territoire Sápmi. La montée au col d'Alpette sous un soleil voilé et un air sec et sans vent nous fait ressentir la souffrance de l'ours polaire chassé par les Inuits (technique de chasse consistant à faire courir la bête au soleil jusqu'à épuisement par hyperthermie).

Arrivé au col, la magie opère. Le soleil est bien présent et ce vallon parsemé de gros blocs est toujours aussi envoutant. Quelques promeneurs isolés trainent leurs guêtres dans les parages, mais point de traces fraiches en attaquant le Pas des Barres. Nous partagerons le plateau seulement avec les chamois.

Les passages ferrés ne posent pas de difficultés, le terrain est plutôt sec ici. Au-dessus, on trouve de nombreux souvenirs des chutes de neige de novembre, ambiance béton recouvert d'une fiche couche de sucre glace. On sortira quelques minutes les crampons pour parer à une petite erreur d'itinéraire.
Plus loin au nord, le Mont-Blanc nous domine avec nonchalance. Nord Belledonne, Lauzière, Beaufortin, Aravis,... L'enneigement des massifs alentours semble bien timide.
Soutenu par le vent, les nuages assaillent rapidement le plateau sommital. Le sommet emmitouflé dans son carcan de givre et de brume prend des airs de Ben Nevis. Plus bas, la croix ressemble au mat de misaine d'un vaisseau fantôme.

Le chemin retour se fera majoritairement avec le nez baissé sur la pointe de nos pieds. Sans rancune, c'était le programme annoncé et on aura bien profité de la montée.

 

Et le Granier, parce qu'on le valait bien (comme ça, c'est fait)