11-07-2021
Ecrins
D
Le suppôt du démon
1

Lendemain de course, d’un but qui plus est, je pars avec mon vaillant Nico pour me rattraper sur une voie d’ampleur au paravalanche. Après 1 semaine à se cailler, la journée promet d’être ensoleillée, la voie est plein S, ça va être le paradis ! Et en effet, après la première longueur, le soleil tape, c’est le bonheur, on sortirait presque le parasol.

En deuxième longueur, des quasi-gradins succèdent à un pas de dalle un peu coquin. Il faudra cependant changer de paradigme sur les dangers en escalade, puisque c’est sur ces mêmes quasi-gradins que m’attendait en fait une vicieuse petite vipère (un paramètre important !), qui ne semble pas apprécier ma caresse sur sa petite tête alors que je cherchais une prise au dessus de la mienne. Douleur vive à l’index, relevage de tête, et je vois déguerpir cet animal de Satan qui, sans doute un peu paranoïaque, a pris ma caresse pour une agression.

Aucune réaction violente immédiate, je ne semble pas paralysé, je finis donc bêtement (parationnel le garçon) la longueur de 5c/6a, qui me demande en plus de m’employer un minimum, surtout avec 4 dégaines pour 8 points restants. Nico me conseille tout de même vivement d’abandonner la voie, alors je me résigne, tel Morgan Parra en finale en 2011. Il part donc me rejoindre au relais afin que l’on tire un rappel vers le bas, seulement voilà, il n’est parapide et mon doigt se met à gonfler, là je me dis que j’ai fait une connerie, ce n’est parassurant cette histoire. Et mon Nico qui, malgré ma superbe prestation de démineur/paratonnerre, manque de peu de se refaire mordre au même endroit par le même envoyé du Sheitan.

Enfin tous deux au relais, j’installe le rappel en regrettant beaucoup un éventuel parapente, voire parachute ; tant pis. Nous descendons au plus vite et je love les cordes. En parallèle, mon Nico appelle les secours, mais vu comme il galère pour se faire comprendre, je me demande s’il n’est pas tombé sur les pompiers au Paraguay. 1h plus tard, la cavalerie de Bourg d’Oisans débarque, me fait un bilan, et m’annonce que je dois aller en observation au CHU de Grenoble en cas de choc à retardement. J’ai faim, mon portefeuille est dans ma tente, heureusement mon Nico, paradin, me file 50 dollars pour me remplir la panse lorsque je regouterai à la liberté.

Après 2h de transports et 30min dans un lit entre des paravents, et une succession d’infirmiers/ères/pompiers ne faisant que paraphraser leurs collègues précédents, je sors sans avoir vu de médecin ni d’interne, avec une ordonnance pour du paracétamol et des bandes Nylex à acheter en parapharmacie. Vous aurez cependant compris que je n’ai pas vraiment réagi correctement et que la chose à faire, c’est simplement bouger le moins possible en attendant les secours, quitte à les faire venir par la voie des airs alors même qu’on est 30m au dessus de la route.

Un grand merci à Charlotte et Florent qui passaient à Grenoble au moment de ma sortie et qui m’ont évité de faire faire 200km à un taxi. Et un jour, je vous le promet, je viendrai parachever cette voie majeure au paravalanche. Et si je ne le fais pas… C’est parave.