31-05-2023
Ecrins
D
1

Une balafre au milieu d'une falaise verticale. Une route s'y loge, slalomant dans renflements du rochers. D'obscurs tunnels coupent le chemin comme autant de galeries de mines vétustes. La petite voiture roule sur le goudron poussiéreux à un rythme peu assuré pendant qu'elle s'éloigne de Bourg d'Oisans, direction le village haut perché de Villard-Notre-Dame.

D'un bosquet à l'autre, le sentier file entre de hautes fleurs blanches. En contre bas, l'écho du fraquas de l'eau contre les rochers résonne dans la gorge. Un dernier lacet amène à une large vasque, au sommet d'une falaise. De là, le torrent fait le saut de l'ange jusque dans la foret, 150 mètres plus bas. Quelques trous percés dans une dalle au ras des flots permettent d'anticiper "l'humidité" dans les voies. Aujourd'hui c'est haut, très haut.

La corde est trop courte, le mâchard vient buter dans le nœud au bout du fil. Le topo était pourtant clair "ne pas prendre le relais plein de cordelettes". Il manque deux bons mètres. Heureusement, deux spits sont à portés, et quelques bricolages permettent de s'éviter une remontée sur la corde. La suite est un enchainement sans encombre, en évitant les relais "à l'ancienne" pour se focaliser sur les relais chainés.

Une belle dalle qui remonte le long des flots. Un granit poli pendant des millénaires, où rien ne bouge, où aucune poussière ou débris ne vient gêner le visiteur. Ici c'est le royaume des compressions et des oppositions. Une escalade qui n'est ni trop dure, ni trop soutenue. L'objectif initial, "Giclée magique" et sa promesse de 6a étant noyé par les flots. "Les délices de notre dame", plus facile, se déroule dans la ligne de rappel et est sèche, elle.

On y retient deux longueurs en 5c+ très recommandables. La première est un très joli dièdre dans une dalle assez lisse, où le grimpeur mets à profit toute sa science de l'adhérence. La seconde, un court mur vertical qu'il faut lire intelligement pour ne pas s'épuiser, pendu sur de petits bacs. Et une dernière longueur, peu intéressante pour la grimpe, mais se déroulant quasiment le long de l'eau dans un cadre magnifique.

Le retour à la vasque de départ. Un bain de pied libérateur et déjà l'impatience de revenir sur ce spot magique, gouter aux longueurs de Giclée magique et particulièrement la dernière longueur, où les embruns viennent lécher les fesses du grimpeur.