28-02-2021
Grandes Rousses - Arves
1000
F
1

Réveil tardif à l'auberge du pont du lac. Il a fallu négocier la veille pour obtenir un petit dej' à 8h. Mais on s'en accommode bien, une quasi grasse mat' un dimanche de beau temps, c'est un luxe assez rare dans la vie d'un Gaulois pour ne pas cracher dessus. L'avantage, c'est qu'en 5 minutes de voiture nous sommes au col du Lautaret, d'où on aperçoit notre objectif du jour. La face nord du pic Ouest du Combeynot. Là, il faut se l'avouer, on est un peu hésitant. Déjà parce que le seul nuage de la journée semble accroché à notre sommet. Ensuite, parce qu’on aperçoit de belles volutes de neige qui s'envolent des crêtes, signe d'un vent marqué là haut. Et puis, si la veille notre couloir était suffisamment encaissé pour avoir gardé une poudre tassée, on a pu constater que partout ailleurs le vent avait fait de la neige un matériau impropre à la pratique du ski. On fini par se décider en se remémorant ma petite galipette de la veille. Pas envie de refaire la même au-dessus d'une barre rocheuse, j'ai beaucoup d'admiration pour notre ex-président mais pas au point de vouloir l'imiter dans toutes ses œuvres. Alors on décide là, sur le parking, de changer d'objectif et de se rabattre sur un plan B que nous a soufflé la veille le même Emeric : un petit tour vers le lac du Goléon. 

Arrivé au petit hameau des Hieres, au dessus de la grave, première surprise. Un serpentin de voitures garé le long de la route, qui s'étends jusqu'à 500m du village. On se croirait sur une piste cyclable dans la métropole de Lyon. Là, il n'y a plus vraiment de neige, alors on inaugure le premier portage de la saison. On double un groupe en train de chausser sur l'unique névé, 5 m sous un passage terreux (qui sont-ils? quel est leur projet?). On avale la route jusqu'au hameau de Valfroide, on arrivera à trouver de la neige pour chausser à notre tour quelques centaines de mètres avant celui-ci. Les bâtisses encore endormies, en pierres brutes, ont une sacrée gueule !  Ensuite, c'est un long plat où nous traversons les restes de plusieurs énormes coulées de fontes, qui ont emporté toute la montagne sur leur passage. L'une d'elle s'est arrêté à quelques dizaines de mètres des maisons, impressionnant!

De ce vallon, on aperçoit une bonne partie de l'itinéraire. L'accès au refuge se fait dans des pentes à l'ombre, à condition de traverser un étranglement rempli par les bouloches de neige glacée accumulées là par une épaisse avalanche. Et en direction du Goléon, les pentes ensoleillées qui descendent du Crucq des aiguilles. C'est par là que nous envisageons notre descente, mais l'exposition Sud-Ouest sera-t-elle skiable? En tout cas, nous repérons un itinéraire possible pour éviter les trop nombreuses plaques de gazon et gueules de baleines. Mais pour l'instant, direction l'ombre et le refuge. Il nous faut d'abord traverser l'avalanche. Sur ce terrain chaotique, la progression est difficile et l'on décide finalement de repasser en mode portage. Puis, une pente où la neige est encore très dure. Heureusement, une trace marquée guide nos skis et nous permet de parvenir enfin au soleil sans glissade intempestive. 

Nous découvrons enfin le lac du Goléon et le vallon qui nous fait face. Au fond, nous apercevons les aiguilles d'Arves qui dépassent des crêtes. Le panorama est somptueux. Un arrêt sur la terrasse déneigée du refuge. On s'installe quelques instants pour une pause bronzette. On s'étonne de trouver le refuge ouvert, mais on apprend rapidement que le refuge est en fait bien fermé. La gardienne l'a juste ouvert "en privé" pour une semaine pour accueillir toute la famille. On a vu pire comme vacances !

Au-dessus, la neige se fait meilleure, on trouve même un peu de poudre soufflée (il est tombé un quart de demi millimètre la nuit précédente) et par endroit une jolie moquette. La progression jusqu'au Crucq des aiguilles se fait dans des pentes très tranquilles et en plein soleil. Arrivés au col, nous décidons de poursuivre de cent mètre pour arriver jusqu'au Rocher des vallons. La vue est saisissante. D'un côté le Goléon dont les strates enneigées forment une vraie bibliothèque. Lui faisant face, la Meije, toujours aussi royale et majestueuse. 

On dépaute, et nous nous élançons dans la descente. Rejoindre le col se fait sur une moquette 3 étoiles, sur laquelle je ne peux m'empêcher d'émettre de petits cris de plaisir. Puis nous basculons dans des pentes qui ont bien pris le soleil. On craignait ce qu'on y trouverait, mais on finalement nous découvrons une neige transformée mais pas encore trop humide. Là aussi, nous enchainons des virages bien plus beaux que ce temps printanier ne nous laissait espérer. Le cadre somptueux ajoute au plaisir de l'instant. Plus bas, les surfaces enneigées se font plus intermittentes et il nous faut ruser pour ne pas abimer nos skis. On n’échappe pas, malgré tout, à quelques passages de ski-gazon. 

On finit par rejoindre nos traces de montées au niveau du hameau de Valfroide. Il nous restera un zeste de portage pour rejoindre la voiture. On retardera la promesse des bouchons à venir par un arrêt viennoiserie à la boulangerie de La Grave.Mettez moi 2 croissants, une lunette à la myrtille, une tradition, un paris brest, 2 éclairs, une brioche, 10 bugnes, une part de pizza et 3 macarons. Ha et vous pouvez remplir ma bouteille tant qu'à faire? On sera bien content d'avoir ce stock sous la main quand on se retrouvera à rouler au ralenti derrière une camionnette immatriculée en Pologne, la 6e croisée dans le weekend. Y'a il un quartier Polonais à La Grave?

En tout cas, malgré ses débuts pénibles, voilà une vraie sortie plaisir. Un petit dénivelé tranquille qui convient à merveille à un dimanche au soleil, sans prise de tête !