12-05-2022
Vanoise
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PD
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Jeudi, 13h, arrêt de tram Dauphiné-Lacassagne, 30°C : je constate navrée que j’ai oublié le téléphone chez moi. Impossible de rentrer, un rendez-vous gaulois doit être toujours respecté à la minute près. Diable, comment allons-nous faire sans Iphigénie ?? J’ai carte et boussole, mais c’est tellement ringard ! 

Dans la voiture je passe quelques coups de fil avec le téléphone de Guillaume, question de rassurer mes collègues de boulot, qui devront survivre sans moi pendant un jour et demi. 

Jeudi 17h, Bonneval, hameau des Ecots, 25°C : Le sac-à-dos est tellement lourd que je me tiens droite comme un piquet pour ne pas tomber en arrière ou en avant. Nous remontons sur le sentier, ski au dos, vers le refuge non gardé des Evettes pendant 100 m environ. Il ne reste qu’environ 20m de montée en escalier sur l’herbe pour attendre la neige. Mais je marche misérablement en forçant sur les genoux. Guillaume attend en haut, m’observe peiner, tranquille, lui … Je me souviens alors que les hommes n’ont pas la capacité de deviner les besoins des femmes (cf livre « Les hommes viennent de Mars, … »). Alors, d’une voix gentille je lance … « Guillaume, ne voudrais-tu pas venir m’aider, stp ? » … Miracle, … Guillaume descend comme une flèche, attrape mes skis sur le sac d’un geste et même qu’il était prêt à récupérer le sac ! - « Merci », dis-je alors, avec un sincère sourire reconnaissant. Pour le reste du we, j’ai eu droit à de l’aide spontanée à chaque chargement du sac sur le dos + de la soupe faite maison. Merci John Gray !

Nous chaussons le skis enfin, en profitant des névés. Le truc à savoir, c’est que certains de ces névés se redressent, s’encaissent plus ou moins, certains devenant piègeux par neige réchauffée. Il ne faut pas hésiter de prendre le plus possible à droite, dans le sens de la montée. Forcément nous avions pris celui de gauche … la neige humide tient pourtant très bien. Un peu plus haut elle est plus réchauffée ; je me retrouve sur un petit passage en traversée d’une espèce de goulet bien raide, le truc qui a envie de débarouler jusqu’au village quand je vais passer … bref je me lance en premier, … dans l’endroit le plus craignos, ma peau de phoque reste 3 mètres derrière moi. Je tente d’avancer mais la trace remonte légèrement et je recule à chaque pas. Guillaume 20 m derrière moi, crie … «Récule ! Il faut que tu rechausses ! » … « Reste pas là ! »

La « marche arrière avec une seule peau, sur une traversée de goulet en neige molle » est un exercice à rajouter aux formations diplômantes. Pour moi, ce fut raté. 

Bref, j’arrive à m’en sortir par une traversée descendante, skis entraînés vers le bas par la neige lourde. J’attends les rochers, ouf ! Mon petit cœur se calme peu à peu, Guillaume me porte les skis sur son dos et je remonte sur l’herbe pendant quelques dizaines de mètres (re-merci John Gray). 

Rechaussage, l’arrivée au refuge se fait sans difficulté. On mange vite, il est 21h, mes chaussures sont complètement trempées, on essaye de faire du feu pour les faire sécher, impossible, pas de petit bois en vue.

 Vendredi 4h : Nuit blanche, il y avait un gros ronfleur dans la chambre, mes chaussures trempées, … nos renonçons à la rando prévue.

Vendredi 8h : Réveil, petit déj cool, mes chaussures sèchent vite au soleil du matin. Vers 9h nous partons en exploration en direction du col de Bonneval. Guillaume s’amuse à tester ses nouveaux crampons sur une petite pente. Retour tranquille au refuge sur le long plat des Evettes, en poussant sur les bâtons.

 L’après-midi, arrive au refuge un groupe de 3 mecs, armés de baudriers, cordes et plein de ferraille sur les hanches, du genre «nous sommes des pros », mais bien sympathiques. Puis un deuxième groupe. Moi, je me trouve un endroit discret, au soleil pour faire mes étirements. Bientôt, j’ai les trois pros, qui trouvent l’idée bonne et veulent s’étirer eux aussi. On discute « psoas », « ischio-jambiers », ils s’étirent péniblement, je me permets de leur donner quelques conseils … c’est satisfaisant, l’espace d’un quart d’heure, la « pro » c’est moi.

Les pros ont fait la Petite Ciamarella, et tenteront l’Albaron demain avec retour en boucle de l’autre côté vers les Ecots.

Samedi 4h : Réveil et petit déj.

Vers 5h : Départ à la frontale, sous la nuit étoilée. Montée très agréable sur la neige encore dure, mais pas besoin de couteaux, jusqu’au col de la Disgrâce. A partir de là s’élève la pente vers la pointe Francesetti. On y voit des traces de ski et aussi de pas. Nous prenons l’option crampons sur les traces déjà faites, qui ont l’avantage de passer sur la crête, d’une grande beauté. A mi-chemin, nous retrouvons un crampon oublié, nous le récupérons ; si jamais vous voyez un post « crampon perdu », faites signe. 

Vers 9h : Le sommet est époustouflant, sublime. Selfies, séance photos à contre-jour et côté Albaron.

Vers 9h45 : Début de descente sur la neige encore caillée mais lisse. La grande pente raide sera faite en dérapage raclé,  nous avons dû réveiller toutes les marmottes du massif. Retour au refuge.

Vers 12h : Descente  infernale du refuge sur la neige réchauffée, on suit les traces, on arrive au même goulet qu’à la montée, on déclenche des coulées, on déchausse, on rechausse, on martyrise quelques petits arbustes, on craint pour nos ligaments croisés …

Vers 14h30 : Parking, Guillaume apprend que son blablacar ne viendra pas, cela le met de mauvaise humeur … résultat, nous atteignons Lyon dans un temps record !