10-02-2022
Belledonne
1550
1053
2557
F
1

Devant l’autorité et l’expérience de l’un des premiers fondateurs du Gaul, il m’était difficile (étant le plus jeune) de me défiler de la tâche du CR. Mais j’ai tenté un peu quand même. :)

Il n’y a pas foule ce jeudi au pont du Merlet. On peut garer le camion de Guillaume sans problème, un luxe sur ce départ. 08h30, on chausse. Ça croustille sous les lattes ce matin, le border est agréable avec le cours d’eau qui nous berce en contre bas. Un peu plus haut, la neige dure se transforme en poudre, on est pas mal. Une petite pause se fait à l’entrée du vallon, il y a pas à dire c’est toujours beau ici. Le Jarnalet, le col de coufa, le Rectiligne, nous saluent poliment. Mais nous ne sommes que de passage.

Un peu après le sommet Est des Vallorins, notre objectif du jour se dévoile, le Natey. Une petite halte s’impose. C’est ici qu’on va devoir changer de cap. De visu, la ligne a l’air propre ; pas de trace, pas de coulée et surtout pas de skieurs. Il y aura un peu de taff pour tracer mais le BERA et le retour de certains camarades nous ont vendus de la tassée ça devrait le faire. Patrice nous fait part de petits doutes, ça fait quelques temps qu’il ne s’est pas jeté dans des pentes un peu soutenues. De loin, c’est vrai que ça fait raide et le gros bloc au 2/3 semble nous indiquer une potentielle étroiture. Mais rapidement, la flamme dans ses yeux se ravive. Il décide de nous accompagner. Je prends la trace.

Aux 2/3 du cône, la neige est un peu soufflée. Je mets les couteaux sur le split. Guillaume prend le relai. Arrivés aux ¾ du cône, deuxième halte pour moi et c’est en crabes que ça va se finir cette histoire. Guillaume, tel un métronome, continue à filer spatules aux pieds. Clément et Patrice évoluent également dans ses pas. De mon côté, je trace droit dans le pentu, on s’enfonce mais pas trop, je donne, mais pas trop. Patrice décide de passer à pieds également 50 m au-dessus du cône.  Je le rejoins. Guillaume et Clément continuent avec les lattes jusqu’au bloc puis commencent à maniper pour passer skis sur le dos. Superbe ambiance dans ce couloir encadré par des barres de rochers saupoudrées de l’or blanc. Pas une trace, neige au top et la pente qui se raidit au fur et à mesure de l’ascension, on n’est pas bien là ?  Aucun signe d’instabilité du manteau neigeux, pas de bruit bizarre, c’est sereinement qu’on chemine là-dedans. Avec Patrice, on rejoint Clément et la trace salvatrice de Guillaume sous le bloc où le mode piéton s’est acté pour toute la troupe. Notre kayakiste œuvre pour nous faire une belle trace sur le dernier tiers du couloir. Après le gros bloc la ligne fait un coude pour dévoiler les derniers 100 m et les rayons du soleil coiffant la crête sommitale. On rejoint Guillaume au sommet.

La douce chaleur de l’étoile nous cueille là-haut, il n’y a pas un souffle de vent. Le paysage est magnifique ;  la Casse, le Mont Blanc, le Villonet, la Lavoire, les Patres et tant d’autres. Des superlatifs pleuvent, tout le monde est heureux d’être là aujourd’hui. Chacun fait ses petits préparatifs minutieusement avant de plonger dans cette belle ligne. Les 100 premiers mètres penchent pas mal, c’est large mais pas trop, c’est étroit mais pas trop. La neige est poudre tassée mais sur une faible épaisseur, le fond dur n’est pas loin et sur les côtés on a une fine croûte de gel. Les condis sont bien mieux qu’espéré sur ce début de couloir mais pas tout poudre non plus. Tout le monde s’en sort très bien, tout en contrôle. Ensuite, la neige est plus souple mais on doit rester attentifs pour assurer les virages et bien passer le bloc. Nous nous régalons en faisant de jolies courbes et en faisant voler la poudre. Puis, la pente est toujours un peu soutenue et on enchaîne dans une grande ambiance, la poudre vole encore, on est bien. Une fois le cône glacé avalé, on se pose au soleil pour manger un bout dans une détente totale et contemplative. Avoir la chance de rider cette ligne dans ces conditions, ce n’est pas tous les jours. On profite.

La dernière partie, c’est le border cross des familles qui est en super condis hormis deux déchaussages et la toute fin où des pierres affleurantes ont tenté de nous mordiller les spatules. Retour au parking sous une tempête de ciel bleu, tout le monde a le sourire jusqu’aux oreilles, signe d’une super journée comme on les aime.