17-04-2022
Grandes Rousses - Arves
2000
F
1

 Par un dimanche de Pâques, le break de Guillaume est rempli à rasbord. 4 skis sur le toit, ma chaussure gauche réussit à peine à rentrer dans le coffre et la chaussure droite est accueillie sur les genoux d’Alexandra. De commun accord, nous accordons au chauffeur le privilège de ne rien porter à ses pieds.

Et pour cause, notre but est clair : trouver quelques mètres carrés de neige à 2000 m sur lesquels planter nos tentes, et cela demande beaucoup de logistique.

Sous un brillant soleil, nous atteignons Valloire, puis Bonnenuit (1731 m) et là-haut, au loin, la neige semble se moquer de nous. Nous sortons du village vers la route du Galibier. Et là, une vision inattendue … la barrière d’accès au col est fermée ! Un long silence, … il reste au moins 4 Km jusqu’aux premières bandes de neige. Je remercie mes coéquipiers qui ne râlent pas malgré la déception. Au moins deux voyages à faire à pied chargés comme des mules … ou alors renoncer à notre rêve et dormir sur l’herbe, que faire ?

Les minutes qui ont suivi seront passées sous silence … juste un merci à l’habileté de notre conducteur … Nous reprenons le récit 4 Km plus loin, au Plan Lachat (2 000 m), là où la route commence à faire des lacets pour s’élever jusqu’au Col. La rive sud du torrent Valloirette est bien enneigée.

Il est deux heures de l’après-midi, toujours sous le soleil. Nous descendons de la voiture, pique-nique, et on part skis aux pieds sur le chemin montant vers le Col des Rochilles. De l’herbe tout autour ; par un effet d’angle du rayonnement solaire et de la végétation, le chemin est le seul endroit à être parfaitement enneigé.

Mon pied droit martyrisé par la chaussure, je m’arrête au niveau du camp militaire. Mes amis continuent vers le Col et feront la très jolie boucle des Lacs. Descente galère, d’après ce qu’ils m’ont dit.

Retour au Plan Lachat, c’est l’heure de la vérité : d’abord choix du lieu de camping. Nous dédaignons plusieurs prairies d’herbe, trop verte, trop plate à notre gout. Enfin nous trouvons une grande esplanade de neige à côté du torrent, en bas de la montée au Grand Galibier. Il faut d’abord aplatir la neige ultra-molle à l’aide des skis, des raquettes, puis planter les tentes. Un débat s’ensuit sur la pertinence de planter des sardines sur neige de printemps. Le soleil est parti, certaines affaires sont encore un peu humides. Apéro avec bière pour ne pas perdre les bonnes habitudes. La nuit tombe autour de nous, les réchauds nous réconfortent d’une bonne soupe faite maison par Guillaume et d’un bon plat à base de semoule et sauce.

Double duvet, double matelas, couvertures de survie, … chacun s’est organisé pour vivre au mieux cette nuit. La proximité de la voiture (à une centaine de mètres) nous permet un certain confort d’installation.

Le lever du lendemain est un peu rude.

L’idée initiale de faire la pointe de Ratissière (ou bien l’Epaisseur) est éliminé car trop la flegme de reprendre la voiture, puis revenir pour démonter.

L’idée du Pic Blanc du Galibier n’est pas retenue non plus, car nous avons été trop longs au petit déjeuner.

Après la ballade de la veille et la nuit sous tente, c'est fou comme nos ambitions pour la journée ont dégringolé.

Enfin, nous faisons la randonnée au Col du Galibier, qui s’avère très jolie et à la petite butte à 2703 m à l’est du Col.

Descente par une neige de rêve, fantastique, du haut en bas. Nous skions comme des dieux jusqu’à la tente.

Démontage et retour en voiture jusqu’au parking de Bonnenuit. Nous évitons les regards des curieux à pied ou à ski, qui se demandent comment on a réussi à traverser la barrière.

Retour à Lyon , avec l'impression d'avoir vecu une expérience intense, et d'avoir été comblés de montagne, de neige, de nature.