18-02-2023
Bornes - Aravis
1200
1200
2400
D
1

En ce samedi printanier, la cahier des charges n’est pas simple ; une course courte avant un bon dimanche dans les tuyaux, en direction de Cham, une neige transfo, une orientation plutôt propice à une descente tardive pour ne pas se lever aux aurores, si possible un peu de pente, et un sommet, ça ne fait jamais de mal aux pupilles. Heureusement mon François nous sort une petite face SW du Charvin de derrière les fagots ; en conditions la semaine précédente, cette jolie facette en 4 demande 1200m d’efforts et se descend l’après-midi. 

Feu ! 

Notre entrain prend un sérieux coup de pompe en arrivant à Ugine, alors que le doute n’est plus permis sur l’identité de cette grosse montagne noire et sèche qui semble sourire en voyant nos snow dans le coffre ; c’est bien le Charvin ! Pas de souci, nous décidons de monter dans les fines langues de neige qui ont survécu dans la face SW, et si la descente s’avère impossible, nous prendrons la voie normale de la combe W. 

Feu ! 

Vers 10h nous arrivons au parking et mon François peine à chausser son split tant il rit à la vue de mes raquettes à neige et de mon snow de station. « Complètement à l’ancienne mon Juju, mais qui fait ça ?! ». Ben, je sais pas, tout le monde non ? La montée est rapide jusqu’au pied de la combe W, puis nous traversons à droite jusqu’à nous retrouver au pied de la face SW. La chaleur est folle et nous comprenons qu’une semaine douce, même de février, a pu suffire à l’agonie de la face. Qu’importe, on verra bien en montant dedans. 

Feu ! 

Un flemme record me contraint à continuer en raquettes tandis que François chausse les crampons. Je m’élève dans la face tantôt par des pentes de neige encore douces, tantôt en « cramponnant » dans les touffes d’herbe et autres mottes de terre qui ont remplacé une bonne partie de la neige. Je ne tarde pas à voir arriver la machine Vangioni, lancé à 600m/h tout droit dans une langue de neige. Il respire par le nez et prend des photos avec désinvolture, alors que je m’escrime à troquer raquettes contre crampons dans une fort mauvaise posture ; la fin de l’histoire, avec les flemmes de chaussage de crampons, est décidément toujours la même. Arrivés sur l’épaule entre face W et SW, le sommet semble proche. 

Feu ! 

Cette fin de montée nous donne l’occasion d’observer les quelques téméraires qui partent dans la SW ; Pour ceux que nous voyons, ça se finit globalement dans la galère les skis à la main, et/ou à rejoindre la combe W par l’épaule. Nous signons le but en écartant cette option fort peu enviable ; ce sera la combe W ! François sort au sommet par l’épaule, toujours en footing, tandis que j’emprunte péniblement la facette sommitale tout en neige côté SW. Lorsque je le rejoins au sommet, nous y sommes seuls. 

C’est le feu ! 

Le panorama est incroyable de là-haut. Et nous avons du mal à comprendre pourquoi tout le monde est venu si tôt pour une descente W ; il est 13h30, la montagne est déjà totalement désertée ! Un pique-nique plus tard, je commence à envisager sérieusement la sieste, mais mon camarade ne l’entend pas de cette oreille et est déjà en train de prévoir son chemin à travers les langues de neige de la descente. Je me sors donc de ma torpeur et nous descendons l’arête vers 14h20, depuis laquelle nous pouvons « dropper » où nous voulons sur l’axe X. 

Feu ! 

Mon François a choisi la langue la plus lointaine, moins trafollée et un peu mieux revenue ; le choix est payant ! L’enneigement est catastrophique et le 4.1 me semble plus proche d’un 4.2sup sur le haut, mais la neige est au moins continue et plutôt lisse tout le long de l’axe Y. C’est un régal et les virages sautés laissent place à de grandes courbes malgré quelques requins en embuscade. La neige commence à être bien revenue et je tente toujours de comprendre les skieurs matinaux que nous avons vu descendre sur du carrelage. Nous finissons la descente par les prés dans une bonne neige de névé, évitons l’attaque d’un chien enragé d’une demi-douzaine de kilos (mais combien diable peut-il être issu du loup ?), et enfin déchaussons de justesse à la route, ce qui est vraiment une bonne nouvelle fin février (!!!). 

Ben oui, trop de feu, ça fait fondre la neige. 

En cas de prolongement de la douceur de ce samedi, peu de chance que la VN du Charvin soit pratiquable plus d’une semaine. Nous filons nous réconforter de cette météo déplorable à Ugine, où nous attendent un hôtelier peu scrupuleux, un menu tacos, et des discussions interminables sur la faisabilité de la course du lendemain… Je suis en tout cas très heureux de mon premier Charvin, malgré ce semi-but ; encore une belle journée en excellente compagnie, même si j’ai principalement observé François de dos pendant qu’il torchait son 3ème Charvin !