08-04-2023
Mont Blanc
850
PD
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Pour ce week-end de Pâques, je propose traditionnellement un week-end de ski-alpinisme sauvage. Après Ailefroide en 2017, le refuge de Leschaux en 2019 et celui d’Elisabetta Soldini en 2022, retour dans un coin que j’apprécie particulièrement : le Val Ferret italien. Nous avons prévu de passer 2 nuits dans le Bivouac Gervasutti, cette structure improbable qui semble posée en équilibre au pied des Petites Jorasses. Je n’y suis pas retourné depuis un certain appel du 18 juin 2017…

Le samedi, les sacs sont lourds. Les 1400 mètres de montée au bivouac nous permettent de rentrer doucement dans le monde de la Haute Montagne, ses chaos de séracs, ses faces granitiques impressionnantes… Globalement, on peut dire qu’on en chie et que le Mont Blanc en traversée prévu initialement était décidément fort ambitieux. Nous atteignons finalement le bivouac vers 14h : l’après-midi est consacrée à la fonte de la neige, au repos, aux discussions quant au choix de l’objectif du lendemain. Quatre espagnols montés à pied (!) et sans gaz (!!) nous rejoignent. Nous nous couchons tôt, la nuit est glaciale, le refuge se révèle très mal isolé…

A 4h30, le réveil sonne, Minh fait un refus d’obstacle, nous nous retrouvons à 3 dans le petit séjour, du givre s’est formé sur les parois, Anaël décide de profiter de la journée pour récupérer, nous ne serons finalement que 2 à nous diriger vers le Col des Hirondelles.

Après avoir rejoint le replat au pied du Refuge, nous commençons à tracer sur une croûte non portante qui recouvre une couche de plus en plus épaisse de poudreuse. La face Est des Grandes Jorasses commence à prendre une couleur orangée, nous naviguons au mieux entre les séracs et les crevasses, les Petites Jorasses et l'Aiguille de Leschaux s'illuminent à leur tour, l'ambiance est magique.

Après une hésitation sur l'itinéraire, nous continuons plein ouest dans de raides pentes au-dessus de barres rocheuses impressionnantes. Si la neige était dure, l'exposition serait maximale mais nous enfonçons profondément... la fatigue se fait sentir.

Et enfin, la pente se radoucit, nous arrivons au Col des Hirondelles, le sommet des Grandes Jorasses semble tout proche, le versant français apparaît : Verte, Drus, Droites, Mer de Glace paradent devant nous, c'est époustouflant !

Mais nous voici déjà reparti, la descente alternera entre zones poudreuses et croûtes plus ou moins transformées... Nous retrouvons Minh au pied du Bivouac, Sylvie l'accompagne pour une remontée de quelques centaines de mètres, elle n'en a décidément jamais assez...

Quant à moi, je retrouve Anaël qui a pris possession de notre cocon désormais ensoleillé pour profiter d'un peu de repos avant l'aventure du lendemain...