27-02-2021
Ecrins
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200
3100
D
4
Un petit Démon
1

Tout commence, comme d’habitude, par un départ de Lyon tôt le matin et après une courte nuit de sommeil. Tout au long du trajet nous devisons sur la couche nuageuse qui nous attendra au col du Lautaret, la météo changeante, entre autres… Proche de l’arrivée nous rongeons le frein derrière une drôle camionnette Polonaise.

A l’arrivée nous nous retrouvons entre deux couches nuageuses : nébulosité minces en-dessous et nuage gris plomb coincé sur le massif de Combeynot convoité.  De plus le manteau neigeux a bien été mis à mal : soufflé, pétrifié on voit nettement la couche antérieur jaunâtre, marronnasse d’il y a 3 semaines. De plus certaines zones en versant sud ont été décapées de leur manteau « blanc ». Un tableau assez cradingue penchant dans la scatophilie.

Tout en nous équipant nous lorgnons, entouré de collègues randonneurs, sur un drôle d’attelage : un vieux bus jaune scolaire ricain tout équipé. Que peut-il bien faire ici ? Passez le mamelon du Serre Orel nous trouvons réponses à notre question : tout un attirail de sonorités comprenant un beau piano droit noir mate!!! Sans trop vouloir gamberger sur cette scène nous passons notre chemin pour nous diriger cap à l’ouest sur les traces de la combe Laurichard et du col éponyme.

Arrivé vers 2500 m au niveau d’une petite station météo, nous braquons plein sud pour arriver au pied des difficultés du couloir. Tout en grimpant la pente inférieure nous sommes entrainés par une faible mélodie : effectivement l’attirail susmentionné n’est pas là pour la figuration et moyennant une paire d’yeux affutée il est possible de distinguer un attroupement. A ce stade la neige est dure ou croutée et la pente se raidie de plus en plus (40°). Au pied du couloir nous sommes poussez par les conditions à remplacer les skis par des crampons et un bâton par un piolet.

Ainsi équipé Romain par au-devant et après un fort éprouvant travail d’1h30 environ il trace jusqu’à 15 m de la crête sommitale où la neige durcie et la pente assez raide (45°) ne nous charme peu à continuer. Bravo Romain !! Durant notre montée le vent vient faire tourbillonner la neige au-dessus de nos têtes, qui ensuite déstabilisée vient se muer en spindrift à nos côtés. Nous profitons d’un petit replat abrité d’un rocher pour nous équiper à la descente !!!

He quelle descente ! L’effet couloir est immédiat dès les skis aux pieds : l’appel du vide !! Il faut rester calme et ne pas allez à la faute lors des virages !!! Peu enclin à l’exercice du virage sauté/glissé je pars en dérapage histoire d’essarter le terrain pour Romain derrière (LOL). La neige en surface est agréable, on va avoir une belle descente. Mis à l’abri, mon camarade me fait une démonstration des fameux virages. Je note et j’applique. Ainsi mis en confiance j’enclenche. La dopamine, muée par l’aspiration du vide, monte à chaque virage et retombe ci-après. J’en redemande mais la fatigue de la montée me force un peu à la prudence.

Assuré par ma prise d’aisance Romain continu dans l’exercice de style et s’engage dans une série. He là c’est la faute ! On ne sait quel malin petit démon le pousse à partir la tête la première. Pas très vite au départ, ce qui faisait espérer à un éventuel arrêt, mais il prit de la vitesse passant proche du bord gauche. Un moment donné les leash ATK textile cèdent et c’est ses deux skis, ainsi débarrassés, qui viennent le doubler de chaque côté. L’un vient se planté droit au pied du couloir tandis que l’autre fonce pour disparaitre à notre vue. C’est un Romain un peu hagard qui se relève pour me signaler que tout va bien. Ouf ! Je le rejoins tranquillement en virages sautés/glissés/dérapés.

Encore prit par les émotions et les skis rechaussés, le second était quelques mètres en-dessous du premier, nous continuons notre descente dans une neige soufflée, plaquée, mal traitée, envie de pleuré. Point d’éloge nivologique, le paragraphe sera court.

Arrivé au col nous sommes fourbus d’émotions: montée du couloir et descente palpitante. Nous partageons nos remarques sur la casse des leach ATK textile de Romain : cela peut être un compromis pour les plus interrogatifs. Romain interroge un troisième témoin : la go-pro juchée sur son casque qui n’a rien raté des plus belles…