12-05-2019
Belledonne
1500
1700
2656
PD
6 h
1

On sentait davantage de résignation que d'espoir dans les « Tu fais  quoi ce week-end ? » ou ces « T'as rangé tes ski, toi ?» lâchés par les visiteurs désœuvrés à leur arrivée à la  perm' du 9 mai.

Une consultation sommaire de la météo et des sites de sorties n'augurait rien de bon. Un rapide conciliabule aboutissait à deux conclusions :

  • on ne peut rien décider (y aller ou pas, l'objectif) ce soir ;
  • il vaut tout de même mieux poser  une option sur dimanche, quitte à l'annuler.que de se quitter comme ça.

Le lendemain tombait sur le forum la proposition d'É. d'une sortie encadrée au col de la Combe, dans les Aiguilles de l'Argentière qui dominent, au  Nord-Ouest, le col du Glandon, au bout de la Vallée des Villards.

L'idée était de partir la veille et de passer la nuit à proximité du départ (ah, ces réveils nauséeux de ski de printemps), mais coté logement, ça n'avait pas l'air évident. D'autant que, sur le forum, A. nous confirma à la fois l'intérêt de la destination et la fermeture des gîtes de la vallée.

Pendant ce temps-là, les candidatures s'accumulaient… Hé ouais, les Gaulois·es étaient bien loin d'avoir toutes et tous remisé leurs planches !

Premier miracle : l'une de ces candidatures apporta avec elle la solution au problème du logement. Sy. pouvait loger les huit partant·e·s (A., Cl. D., E., H., Se., Sy…e, T.) du samedi soir à Saint-Étienne-de-Cuines ! Deuxième miracle, les prévisions météo autorisaient une tentative (même si le BERA était un peu moins encourageant).

À ce groupe se joindront encore Cé. et Si., arrivant directement du Beaufortin, et, à l'initiative de B., une équipe de quatre (B., D., F., St.) se montera pour un départ très matinal de Lyon. Ça tournait au mini-rassemblement et il ne faudra pas moins de cinq pages de forum et un nombre inconnu de coups de fil et de SMS en coulisses pour organiser le tout.

La soirée chez Sy. fut des plus chaleureuses. L'apéro lança bien l'ambiance, A. et H. aux fourneaux nous concoctèrent une copieuse et bien savoureuse croziflette. La soirée se poursuivit encore un peu par l'exploration des rhums et autres gnôles plus artisanales (hysope, notamment) de Sy. Quelques heures plus tard, le p'tit dej' fut l'occasion d'une étrange et animée discussion sur les vertus et bienfaits du Muesli au yaourt de soja.

Donc, vers 8 h, ce ne sont pas moins de quinze Gaulois·es qui se retrouvent vers Sous le Col (d'en haut ? d'en bas ?), là où la route est coupée par une congère. D'autres skieurs ont aussi eu l'idée de venir randonner dans le secteur et un fort groupe prend le départ à notre arrivée. Nous les croiserons à nouveau, de loin, lors de leur descente, chaque groupe bien calé sur son bord du large vallon. De notre coté, tant nous sommes nombreu·ses·x, nous passons pratiquement plus de temps à saluer convenablement tout le monde qu'à nous équiper.

Départ par un temps moyen (éclaircies et bancs de brouillard balayant le ciel, violents tourbillons de neige et rafales de vent) et assez frais. Les orages de la veille ont bien détrempé la vieille neige en place mais ont opportunément rajouté une quinzaine de centimètres de fraîche dont le vent un fait un peu ce qu'il a voulu. Pas de notable activité avalancheuse récente. Un peu de portage sur la route pour aller chercher la combe

La fraîcheur facilitera finalement l'ascension (par des pentes débonnaires) du col de la Combe. Dès que le soleil s'installe un peu, il fait vite chaud dans ce versant E.-S.E. ! Elle préservera aussi la qualité de la neige. Le vent et les bourrasques donneront à l'aventure un piment alpin en supplément du paysage dominé par les Aiguilles  d'Argentière. T. parle « d'ambiance patagonienne » que l'on retrouve bien sur les photos de la montée.

Les derniers mètres d'ascension se font skis sur le sac par de profondes marches dans la neige, sans avoir à sortir les crampons. Nous dépassons une équipe de quatre skieu·ses·rs étrangement équipé·e·s (piolets crampons) et encordé·e·s (avec un ficellou bien fin et beaucoup de mou entre les ascensionnistes) qui, vaguement médusés voient défiler cette nouvelle Alauda (la « légion gauloise » de César). Nous déjouons une dernière tentative des violentes bourrasques, prises dans les skis dépassant des sacs, pour nous déséquilibrer et nous atteignons le col.

Nous basculons ensuite sur la Combe de la Croix. Bonne neige fraîche et quelques passages un peu plus raides mais très gérables grâce aux excellentes conditions. Nous arrêtons notre descente vers 2100 m d'altitude dans le vallon pour casser la croûte, profitant d'un peu de soleil et d'une accalmie relative du vent.

Mais on ne va pas en rester là. Il y a suffisamment de fringant·e·s Gaulois·es pour facilement convaincre les quelques réticent·e·s de repeauter pour monter jusqu'au col de la Croix. L'ascension se déroulera tranquillement, là aussi dans le vent, les passages  de bancs de brume et de tourbillons de neige soufflée. La vue du col est un peu décevante car des nuages sont solidement accrochés au versant Combe Madame.

Très agréable descente dans la combe de la Croix avec, à nouveau, un bonne neige et une visibilité variable.

Vers 1800 m la continuité du manteau neigeux est rompue, un peu de portage (avec un franchissement de torrent qui prend des allures épiques) est à nouveau nécessaire pour rejoindre la route puis les (quatre !) voitures.

Là une scène inédite : une sono qui gueule à fond dans la pampa, quatre Gaulois (oui, que des mecs sur ce coup-là, qui trouvaient le temps long ?) affalés dans leur voiture, toutes portières ouvertes. Un petit bout de « zone » planté au milieu des alpages déserts et qui fort heureusement n'aura d'autres témoins que le reste de notre groupe.

Retour chez Sy. pour un pot traditionnel, mais en format XXL. Installés au soleil, finalement établi, sur le balcon-terrasse de la maison, après les bières d'usage, nous passons aux glaces parachevant ainsi le pillage des ressources locales. Et c'est toute joyeuse que la bande (à Sy. près évidemment) qui, tel un vol d'étourneaux repus, reprend la route de Lyon.

Un immense merci à Sy. pour sa très, très généreuses hospitalité. Et un non moins immense merci à É. qui a lancé et organisé (parfois jusque dans des « petits » détails) cette sortie a priori assez improbable.

Un excellent souvenir d'arrière-saison de ski pour tout·e·s les participant·e·s.

Les photos sont de T. : un grand merci à lui car il fallait une puissante fibre artistique pour sortir l'appareil et ôter ses gants dans ce blizzard.