La pratique de l'alpinisme en conditions hivernales, quand les voies (parois, couloirs, arêtes...) sont souvent recouvertes de glace, nécessite l'emploi de techniques et de matériel spécifiques – notamment l'utilisation de 2 piolets qui permettent de se hisser ("piolets-traction") sur des pentes raides ou cascades de glace, et de crampons munis de pointes avant bien affutées. Ces conditions se retrouvent en fait bien au-delà de l'hiver, puisqu'en altitude (au-delà de 3000m) et en terrain glaciaire on peut pratiquer d’octobre à mai.

Pour simplifier, on distingue souvent 2 types de pratiques, mettant en jeu du matériel et un mode de progression similaires :

  • La cascade de glace : elle est à l'alpinisme hivernal ce que la couenne ou la grande voie sont à l'alpinisme rocheux, c’est-à-dire la version « sportive ». L’activité se pratique plutôt en vallée sur des cascades d'eau ou des ruissellement gelés. Sur la majorité des sites, les voies font généralement une seule longueur mais il existe aussi des lignes de plusieurs longueurs, pour faire durer le plaisir. Et comme pour les voies d’escalade en rocher, il existe des cascades de tous niveaux de difficulté.

  • La goulotte : il s'agit de couloirs étroits et raides que l'on retrouve souvent en moyenne et haute montagne, tapissés de neige et de glace au fond et bordés par du rocher. Ces voies peuvent faire plusieurs centaines de mètres et débouchent souvent à un col ou un sommet.

 

La passion

Considérée par certains alpinistes comme une technique utile pour les ascensions de sommets comportant des passages raides en glace, la cascade de glace est pour beaucoup devenue un sport et une passion en soi.

Recherche de la verticalité, esthétique de la ligne, travail de la gestuelle, la cascade de glace est avant tout de l’escalade ! A l’instar de la grimpe sur coinceurs, on y place ses propres protections (sur broches) et on descend souvent en rappel. Les grimpeurs de rocher apprécieront l'aspect physique de l'activité (bras et épaules bien sollicités) et seront agréablement surpris par la riche gestuelle de cette escalade. Les alpinistes seront quant à eux ravis par la glace, l'ambiance et y trouveront une parfaite occasion de s'entraîner pour les grandes faces nord.

Le « truc » en cascade, c’est la beauté changeante de cette eau gelée, ces formes éphémères qui rendent chaque escalade unique. Les particularités techniques sont les piolets et les crampons, prolongement des pieds et des mains. L’idée est de tirer parti au maximum des reliefs et d’éviter de frapper trop fort (pour ne pas casser la glace et pouvoir désancrer le piolet facilement). La pratique est assez exigeante physiquement (et mentalement lorsque l’on grimpe en tête) mais n’impose pas nécessairement d’avoir un niveau très élevé en escalade, même si les grimpeurs de niveau 6a et au-delà seront d’autant plus à l’aise.

La pratique

Concrètement, la cascade de glace se pratique généralement en vallée, sur des ruissellements ou des cascades d’eau gelées. La saison est donc très dépendante des conditions météo et se concentre souvent entre mi-décembre et fin février. Certains secteurs réunissent plusieurs cascades, ce qui peut permettre de réaliser 2 ou 3 ascensions courtes (d’une ou deux longueurs) dans une journée. Il existe également des sites de grande voie permettant d’enchaîner plusieurs longueurs (les cascades les plus longues peuvent faire plusieurs centaines de mètres).

Plus tard en saison, il faut monter plus en altitude pour trouver de la glace en bonne condition, notamment dans les « goulottes » qui sont d’étroits couloirs (un à quelques mètres de largeur) en montagne voyant peu le soleil. On se rapproche alors souvent de la pratique plus classique de l’alpinisme, avec une approche plus longue, l’ascension d’une ligne de faiblesse « logique » dans une face, la progression parfois mixte glace/rocher et la redescente à pied ou en rappel (la frontale n’est souvent pas de trop pour le retour à la voiture…).

Le matériel

Comme souvent dans nos activités alpines, il faut une certaine quantité de matériel spécifique : broches à glace (10 à 12 pour une voie entièrement en glace), porte-broche, dégaines « explose », crochet à Abalakov, chaussures rigides et isothermes, crampons, paire de piolets-tractions. On utilise généralement des cordes à double (diamètre 8 à 8,6mm) de 60 mètres avec un traitement dry.

L’ascension de cascades de glace et de goulottes peut être exposée aux risques d’avalanche : pendant l’approche, lors de l’escalade proprement dite (surtout s’il y a des pentes raides au-dessus), et parfois à la descente (sauf en rappel où ça craint peu). Il peut donc être nécessaire, selon la situation, d’emporter avec soi le triptyque magique DVA- Pelle-Sonde. Ces équipements peuvent être empruntés ou loués au GAUL par les membres du club.

Enfin, tout est bon pour braver le froid : bon habillement avec les 3 couches en haut, collants et pantalon imperméable, guêtres, gants étanches (avec si possible une, voire deux paires de gants de rechange), bonnet, chaufferettes ... sans oublier le thermos de thé et la doudoune pour le réconfort au relais ou entre deux cascades. Des lunettes ou une visière sont fortement recommandées pour protéger les yeux des éclats de glace. Le port du casque est bien entendu obligatoire.

Et le GAUL, dans tout cela ?

Le GAUL organise un rassemblement « cascade de glace » et typiquement 1 ou 2 sorties cascade encadrées en hiver (janvier-février), et si les conditions le permettent 1 ou 2 weekends goulotte en fin d’hiver.

Il est possible d’emprunter ou de louer le matériel spécifique au GAUL, lors des permanences.