07-07-2023
Valais
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L’Aiguille de la Tsa domine fièrement la vallée d’Arolla et nous invite à la gravir à chaque minute passée au camp.

Nous avons choisi deux stratégies nocturnes : cabane Bertol pour Christine et Hélène, bivouac au plan Bertol pour Jérémie et Patrice. La longue montée se déroule tranquillement sur un bon sentier jusqu’au plan Bertol, où avec Jérémie nous trouvons un emplacement de bivouac vers 2800 m. C’est là que nous laisserons les filles poursuivre jusqu’à la cabane perchée à 3311 m ; rendez-vous donné pour le lendemain à 5h30 prêtes à partir !

La fin d’après-midi se passe en révisions de mouflages, construction de murets pare-vent, égalisation de notre plateforme… jusqu’à ce qu’on s’aperçoive qu’un ruisseau a dévié de son cours et commence à envahir notre emplacement. Pas de solution de rechange autour de nous, on se résout à creuser un canal de dérivation, construire une digue et repousser notre couche au plus loin de la marée montante !

Depuis le début d’après-midi, le ciel alterne entre belles éclaircies et nuages menaçants. Tarp ou pas tarp ? Après une magnifique démonstration du montage de son tarp fabrication maison par Jérémie, nous décidons d’être optimistes et de le ranger dans le sac, parce que ce qu’on aime dans le bivouac, c’est de voir les étoiles. Repas classique de bivouac : soupe minute, polenta/chorizo/comté, tisane, tandis qu’Hélène et Christine dégusteront un très bon dîner à la cabane Bertol.

Allongés dans nos duvets, nous voyons de moins en moins d’étoiles…et vers 22h, les premières gouttes commencent à tomber sous un ciel très sombre. Branle-bas de combat pour monter le tarp en catastrophe. Nous réussirons à rester au sec, mais le tarp monté trop bas et agité par le vent nous secouera toute notre courte nuit. Ce qu’on appelle un sommeil agité !

Le réchaud ronronne avant que le réveil ne sonne, petit déj assis dans les duvets, puis pliage du bivouac et mise à l’abri sous un bloc. Montée rapide vers la cabane qui semble proche, mais qui s’éloigne à chaque regard. 500 m de D+ quand même. Montée entre névés et éboulis, assez bien balisée par des fanions rouges, pas toujours visibles dans le halo de la frontale, ce qui provoque quelques hésitations. Nous arriverons à 5h30 pétantes sur la terrasse du refuge après avoir remonté les longues échelles qui conduisent à ce promontoire incroyable.

Nous sommes à l’heure, les filles sont prêtes, mais il pleut et la montagne est noyée dans les nuages… Nous décidons d’attendre à l’abri. Le radar météo nous indique que ça devrait se dégager vers 6h10. Il s’arrête effectivement de pleuvoir, mais les sommets restent bien bouchés. Nous décidons de partir quand même, aucun problème pour cette course peu engagée, malgré l’absence de regel. Après avoir descendu de nouvelles échelles pour prendre pied sur le glacier du Mont Miné, nous attaquons le contournement de la Pointe de Bertol. Sur le topo, le passage à l’air rando ; c’est en fait assez scabreux dans les conditions du jour, entre pentes de neige pourrie et bandes de rocher/graviers mouvants. Une dernière pente bien raide permet de franchir la corniche, et nous redescendons sur le glacier de l’Aiguille, que nous remontons toujours en neige bien trop molle jusqu’au pied de l’Aiguille de la Tsa.

Arrivés à l’attaque où nous laissons piolets et crampons, le ciel se découvre et le soleil apparaît. 4 courtes longueurs en bon rocher assez bien équipées nous déposent au sommet, d’où nous pouvons voir le camping ! La boucle est bouclée. Descente efficace et sûre en 3 rappels, et nous reprenons tranquillement le chemin du retour vers le col de la Tsa, le glacier de Bertol puis le plan Bertol où nous récupérons notre matériel de bivouac, puis c’est la longue descente vers Arolla et le camping, sous un ciel maintenant tout bleu et un soleil trop chaud.