07-05-2017
Saoû et environs
200
450
650
TD
Michel, Alix

Dans les épisodes précédents, Michel et Alix rejoignaient Romain pour un Gerbier et un Mont Aiguille. Face à la météo humide et aléatoire, il est finalement décidé d'aller s'abriter à Presles, sous le toit du fou. Réussiront-ils à faire quelque chose de leur weekend?

Après avoir visiter l'avant veille le pillier de la vierge à Hiere sur Amby, et Azium la veille, ce dimanche, c'est le bon. La météo indique un temps correct avec quelques rares averses, nous nous mettons donc en route pour Presles. Mais l'instinct aidant, nous faisons un dernier check météo en sortant du périph'. Et là, catastrophe! Les météorologues ont tout revu, pluie dense toute la journée à Presles. La terreur se lit sur les visages. Le désespoir, un peu aussi. Ne nous laissons pas abattre, je tente une feinte et regarde la météo sur Saou. Temps correct; sec et même un peu ensoleillé. Je me félicite d'avoir tout mis en vrac dans le coffre, y compris le topo de Saou!

Arrivé à Saou, et après un arrêt au village pour petit déjeuner, on s'oriente vers l'Aiguille de la tour et ses grandes voies. Je suis bien tenté par un terrain d'av, mais mes collègues sont plus frileux. Je leur propose de couper la poire en deux et de nous engager dans Vitamine A, 4 longueurs en 6a max, qui rejoint la voie TA que je souhaitais faire. De là, on pourra voir en fonction de la forme pour enchainer ou descendre en rappel. 

La première longueur de vitamine A mets en jambe, un 5c pas simple au réveil! Puis, une seconde longueur en 6a, très jolie. Peut être est-ce parceque je suis chaud, mais au final elle m'a semblé plus simple que la première. Au dessus de nous, LA longueur de la voie: un grand dièdre vertical, limite déversant, que le topo donne en 6a. Une fois dedans, je souffle, globalement c'est prisu mais quelques pas font fonctionner les neurones, il faut bien se placer et parfois tirer un peu sur les bras (oui oui, dans un dièdre!) C'est long, et à la toute fin, alors que je délaye à chaque mouvement depuis bien 3 points, un réta me demande de me remobiliser. Mais le relais est là, et voilà les camarade qui suivent. En moul' c'est plus facile! Puis, une longueur de 5b assez tranquille amène en haut de la voie.

Nous voici au carrefour. Les rappels ou le TA. La longueur suivante annonce un 5c, elle semble suivre une fissure assez fermée dans un mur raide "mais pas trop", et j'aperçois quelques pitons. On est en flèche, j'ai 4 longueurs dans les bras mais ça a l'air trop beau, il faut y aller! Je convainc mes camarades assez facilement, on continue! Je ne regrette pas, cette longueur est très jolie et arrive dans un jardin suspendu très bucolique. Je suis content de notre choix et impatient de continuer.

[ rire narquois du troll caché dans les feuillages, le piège se referme! ]

La longueur suivante est une traversée dans les buis. Rapidement, un tirage se fait ressentir. De plus en plus fort, je ne puis plus avancer, j'installe un relais sur un buis et un cablé. Je fait monter mes compagnons, je repart, fait 2 mètres ... "Ho, un relais!" Je décide d'y faire monter mes compagnons, échaudé par le tirage. Quelle perte de temps. Je repars...

... et là, le drame de la voie. Ce n'est plus qu'un immense jardin péteu, tout me reste dans les mains, tout me file sous les pieds. Je zigzague entre les buis, qui semblent proposer les meilleures protections. Forcément, ce n'est pas sans incidence sur le tirage ... je file vers le haut, la voie doit sortir sur l'arête d'une minute à l'autre. Mais de ressaut en ressaut, je vois mes espoirs douchés. Le tirage est tel que je dois grenouiller, tirer quelques mètres de corde, repartir. Je jure, je sue, pourquoi n'ais-je pas flairé le piège, on devrait être en corde tendue.

Finalement, le soulagement lorsque je déboule sur l'arête. Je bricole un relais, toujours sur du buis. Je n'ai que 10 mètres de corde à ravaler, mais ça me prends quelques longues minutes, et fait apparaitre des ampoules dans mes doigts. Les collègues arrivent, je les fait se réencorder pour repartir en corde tendue. ça va mieux, on peu enfin reprendre un rythme normal. Faut dire qu'une fois l'arête rejointe, c'est un vrai sentier. On fini par arriver au dessus de ce qui ressemble à un relais de rappel. Zut, pourquoi ça descend de ce coté? Le topo me semble pourtant nous faire descendre dans la face de montée? Je continue sur le sentier, qui fini par se perdre dans un terrain péteux. Je remonte, non ça doit être ça. Je préfère vérifier sur CamptoCamp avant de me lancer dans cette ligne mystérieuse. Première fois de la journée que je recoupe notre topo papier avec C2C. Non seulement ça me confirme que la ligne est bien la bonne, mais me confirme une info que j'ai appris à mes dépens: TOUT les comptes rendus déconseillent de continuer au delà du 5c ... merci, on avait vu, note pour plus tard: ne jamais se lancer dans une voie TA sans vérifier les comptes rendus!

Les rappels se déroulent là aussi dans un jardin sauvage fait de buis et autres essences. C'est joli, mais plus on avance, plus j'angoisse. "c'est sur qu'on va coincer les corde!". Les relais sont espiègles et caché dans les buis, J'en manque un descend, descend trop bas, remonte ... Finalement nous arrivons au sol en 3 rappels, aucune corde ne se coince, soulagement!

En guise de finish, le "sentier" qui ramène vers les secteurs civilisés est à l'image de la voie: végétations dense et pierrier instable... Finalement, on arrive à la voiture, content d'arriver. Mais soyons honnête, heureux aussi de cette aventure!

Si vous passez à Saou, je vous conseille Vitamine A, et même d'enchainer la longueur en 5c de l'arête Sud. Mais n'allez pas plus haut, ça ne présente aucun intérêt!

Et en guise de morale, je me souviens d'un guide qui me disait "faites pas confiance aux topos sur internet, les gens racontent n'importe quoi, alors que les topos papier, ça c'est de la vraie info!"

.Hum.