La voie est située dans la paroi des crêtes du Vernis en rive gauche à l’entrée des gorges, côté pont du galetas. L’approche se fait depuis une vire pour ensuite accéder au pied de la paroi par deux longs rappels. Ils sont juste vertigineux : le premier dans un mur ultra raide et le second en fil d’araignée !! Le Verdon au eaux turquoises et onduleuse parachève le décor de ses gorges encaissées. L’ensemble de la voie est sinueux, homogène dans le niveau 6b et différentes dans les styles. De loin cela peut effrayer : une paroi à l’ombre l’après-midi, assez raide et un rocher aux aspects péteux. Mais dès que vos doigts commencent à parcourir la première moitié, trous et bonnes prises s’offrent à vous. Il sera possible de relier ces préhensions par des mouvements de traversées fines ou encore par plusieurs pas athlétiques sur bacs. De plus les différentes morphologies sont présentes : du calcaire gris à trou, aux ocres à picots en passant par le dièdre fissuré.
La seconde partie suit habilement une fissure qui va, de longueurs en longueurs, venir s’estomper au pied de la dernière. Au départ athlétique, puis plus technique, elle ira même s’effacer pour laisser place à des pas retords en traversée où il est recommandé de serrer aussi fort que votre connerie. Depuis le passage de la vire médiane la voie est passée à l’ombre, ce qui avec les quelques rafales rajoute du piquant à l’ambiance assez gazeuse. Ainsi il faudra s’employer pour pouvoir résister à l’enchainement des dernières longueurs. Alors que les faiblesses, physiques et éthiques, commencent à poindre leur nez le sommet est atteint par un mur des plus verdonesque.
Le soleil vient claquer sur les eaux laiteuses du lac, alors que la pluie arrose le plateau et le Verdon, tout en bas, charrie ses quelques kayac/pédalo heureux. L’instant est suspendu, comme lors des rappels du début. Entre le lac et le Verdon il y a au moins un trait d’union, une pincée de ketchup…
