21-01-2024
Belledonne
3000
1

   Le BERA du week-end ne nous semblant pas suffisamment engageant pour partir sur ma proposition initiale de tour du Frêne, nous nous orientons sur le plan B, à savoir le pic Sud de Merlet, avec dodo en cabane la veille. Objectif : se cailler les miches, mais également s’immerger en montagne durant 2 jours.

   Après avoir récupéré Guillaume à Aiguebelette, nous faisons route jusqu’à St Alban, et arpentons à pied les premières centaines de mètres : la pluie a ravagé le manteau déjà bien fragile à ces altitudes. Guillaume, soucieux de ne pas se contenter de nos 2kg respectifs de bûches pour le soir, choisit d’arborer sur son sac de longues branches mortes, ce qui me donnera durant la journée la sensation d’être poursuivi par un arbre. Nous remontons le vallon de Merlet, jusqu’à bifurquer vers le col du Villonet, précédés et suivis de plusieurs autres groupes. Le froid, mordant, nous pique phalanges, oreilles, et bout du nez. Il nous faut composer avec le soleil pour prétendre à quelques pauses, toujours de courte durée. Au col, nous laissons derrière nous la foule du vallon pour gagner les brèches de la Passoire. Côté Veyton, personne. La descente s’amorce, jusqu’au lac de la Colombière, dans une poudreuse parfaite, remplacée un peu plus bas par son homologue un tantinet plus humide, comme de la mousse, mais procurant toujours une excellente skiabilité. Nous repeautons pour 50m et rebasculer plus aisément sur le refuge de Merlet, où les affaires du couple croisé ce matin au parking nous précèdent. Nous choisissons de remonter sous le col du Bacheux, afin de profiter des lueurs du soir sur le Grand Morétan, dont la face Nord impressionne, et clore cette journée avec un chiffre rond, 2000D+.

   Au retour dans notre abri pour la nuit, nous nous affairons à faire du feu pour réchauffer ce qui est probablement le poêle le plus inefficace du système solaire : après plus de 2h passées à tenter de faire fondre de la neige sur sa plaque, nous choisissons de mettre la casserole à l’intérieur même du feu pour plus d’efficacité. Avec succès. Le poêle, probablement vexé, ne daignera pas réchauffer la pièce de plus d’un degré, nous permettant d’atteindre un bon -2°C. La neige sur nos chaussures ne fond pas, et l’eau laissée dans les casseroles gèle. L’ambiance est, vous l’aurez compris, glaciale, en dépit des bons rapports avec le couple chambérien. Nous filons donc nous coucher sur des matelas rincés mais bienvenus, et rajoutons une couverture sur nos duvets -5 confort, non superflue. Alors que nous nous endormons, la gardienne des lieux sort de son trou pour vérifier si nous avions laissé des restes en offrande.

   Le jour se lève et un léger voile d’altitude couvre le soleil. Nous plions nos bagages, pas fâché de repartir bien plus légers que la veille, et descendons jusqu’au torrent, le traversons, et entamons de remonter vers le lac croisé la veille. Nous sommes absolument seuls, sous la surveillance du Morétan et des Grandes Lanches, à suivre la trace d’Anael. Sous le pic Sud de Merlet, nous hésitons à quel col remonter pour traverser quel morceau d’arête, jusqu’à finalement convenir de bourriner allègrement tout droit dans la face sud-est, pour en rejoindre le sommet. J’adore les panoramas, et celui-ci est magnifique. Nous nous décalons d’une cinquantaine de mètres pour trouver l’entrée du couloir nord-est. Avec le relief masqué par la faible visibilité, nous hésitons quant à la consistance de la neige. Guillaume s’élance, et ses virages confirment l’excellente condition du couloir. Nous le suivons avec un sacré sourire aux lèvres. Alors que nous refaisons de l’eau au plan des Sources, pas si gelées que ça en dépit de la période, je propose à mes compères de remonter sous la Lavoire, goûter un second couloir de même cotation. Une fois en haut, nous cassons la croûte sous le soleil, revenu conformément aux prévisions acérées du modèle Arome. Nous avons tout le loisir de profiter de la température plus clémente que la veille, et de la vue sur le couloir précédemment descendu. En haut de notre second objectif, la neige est un peu plus croûtée. Je tâche de déclencher un virage, et me retrouve assis sur mes skis, à l’arrêt, ce qui n’était pas du tout la réaction prévue. J’ai en effet déclenché les deux fixs d’un coup, faute de les avoir assez claquées, et verrouillées en mode montée, ce qui est relativement utile en pente raide, n’en déplaise à vos genoux. La descente se poursuit sans autre anicroche que des quadriceps en fusion, dans une neige fort qualitative, avant de retrouver l’autoroute de montée.

   Retour voiture, partage photos, virement essence, compte-rendu posté, merci bonsoir.