Au retour de la pointe des aigles, Claire et moi sommes bien motivés pour enchaîner avec une autre belle sortie le lendemain sur l' arête ouest du pic nord des cavales. On hésite un peu: risque d'orage dans l'après-midi, c'est plus long et plus dur que la pointe des aigles, accumulation de fatigue de la grimpe des derniers jours... Le gardien du refuge finit de nous convaincre: «vous avez tenu l'horaire aujourd'hui, vous devriez pouvoir le faire. Mais départ à 4h00 pour être sortis des rappels avant l'éventuel orage.» Au petit déjeuner, Claire se force à manger, en prévision de la belle ballade qui nous attend (moi j'ai pas besoin de me forcer), et c'est parti. Fourvoyage dans l'approche pourtant hyper simple, histoire de perdre un peu de temps, se fatiguer un peu, et faire monter la pression. Une fois qu'il fait jour ça devient plus simple. Une fois sur l' arête ça devient évident. Il y a quelques passages un peu plus techniques que la veille, mais il y a des points dans les passages les plus difficiles et je les trouve très ludiques. Le topo suggère de passer le passage clé (dalle fine, 5b) en A0, je me sens pousser des ailes et imagine passer sans toucher les pitons, malheureusement je me rends vite compte que en grosses sur une dalle fine je ne suis pas si à l'aise que ça, et j'utilise l'artifice pour me tirer de ce mauvais pas. Le rocher est bon, la vue est belle, l'ambiance sauvage et solitaire. Nous en profitons jusqu'au sommet. Encore un petit fourvoyage dans la descente histoire de ne pas rentrer trop tôt (de toute façon il n'y a finalement pas eu d'orage) et retour à la berarde où tous les gaulois se sont rassemblés en prévision de la journée pluvieuse annoncée pour le lendemain. Après une soirée bien arrosée, ça sera une journée de repos bien méritée.