12-07-2017
Ecrins
2500
3476
F
9h

Cr Pointe de la pilatte Ecrins

 

Nous nous réveillons ce matin d'une deuxième nuit passée au refuge de la Pilatte vers 4h.

La préoccupation du moment est de mesurer le degré d'humidité des vêtements, souliers et cordes trempés par l'orage qui nous a visités hier vers midi en descendant du Gioberney. Sauf pour Antoine, tout le monde partira au moins les pieds mouillés : y en a des qu'ont de l'expérience ;-) ! Les Bans sont en partie saupoudrés : pas de regret, c'était pas le meilleur jour pour y aller, surtout que ça vente bien.

Le petit déjeuner est vite avalé et on se prépare dans dans la salle matos du refuge où évidemment on n'est pas tout seul. Heureusement la trentaine de chasseurs alpins séjournant au refuge en même temps que nous est déjà partie. Antoine est prêt le premier… ;-)

On démarre dans les vires descendantes qui permettent d'atteindre le glacier qui est toujours plus bas au fil des années, laissant derrière lui rochers lisses et cailloux instables, nécessitant l'utilisation d'échelles pour l'accès. Puis nous formons 2 cordées Antoine, Marion et Claire d'un côté, et David, Emilie et moi de l'autre. Nous traversons le plat du glacier rapidement, et passons le premier ressaut du glacier sans problème. Sur le replat, nous rattrapons les chasseurs alpins et nous confirmons l'impression que nous avions du refuge : nous ne sommes pas le 14 juillet et le glacier de la Pilatte est déjà bien ouvert et bien gris de glace, presque des conditions de fin août. Beaucoup de crevasses entre lesquelles il faudra prudemment slalomer… Quand on entend des cris plus hauts semblant indiquer une chute d'un chasseur alpin. On s'émeut dans le groupe, Emilie veut accourir pour porter son aide médicale et je calme le jeu en disant « mais nan, vous inquiètez pas, c'est un sergent qui a simulé la chute pour faire faire des exercices à son régiment, c'est l'armée quoi... ». On continue donc tranquillement notre progression sur ce glacier vraiment moche dans le second ressaut. Et là en doublant les chasseurs de lapins, on comprend que l'un d'eux est vraiment tombé dans une crevasse en perdant un crampon...et une chaussure ! Emilie se fait gentiment remettre à sa place quand elle propose de l'aide et nous passons tout le régiment qui s'étale sur la pente du glacier. La pente s'adoucit un peu à nouveau et les crevasses sont à présent moins ouvertes. Le passage de la rimaye devrait bien se faire malgré tout. On attaque la dernière pente raide sous le sommet dans la neige et on enchaine dans les rochers à droite du sommet en posant quelques sangles sur le petit bout d'arête dans un vent fort qui rafraichit bien l'atmosphère, même s'il laisse bien sa place au soleil : au moins pas d'orage aujourd'hui ! Au sommet, en passant côté sud de la paroi, le vent tombe, on en profite pour faire une bonne pause et se réchauffer un peu et David constate avec étonnement qu'on a bien tenu le timing : il est 9h30. On admire Ailefroide, le Pelvoux, plus loin Dame Meije et bien sûr la VN des Bans juste en face. David décide de redescendre plus directement sous le sommet pensant que le glacier sera en meilleur état ensuite. J'attaque la descente dans les rochers sans voir vraiment vu le piton que je devrais trouver et nous prenons rapidement pied sur une petite arête de neige. Nous décidons de traverser pour rejoindre la VN du glacier le plus rapidement possible : la glace est vive, fallait avoir des crampons bien affûtés, et le pied sûr ! C'est pas long, pas raide mais faut pas s'en mettre une ! On retrouve l'autre bout de la rimaye pas si fermée qu'on croyait finalement : David installe un relais de fortune pour assurer les 3 pas de descente permettant de rejoindre et passer la rimaye, sur une plate-forme rocheuse un peu trop plate...Ca passe. Puis, toujours dans le vent, on admire la seconde cordée descendre l'arête en contre jour...une vraie phtoto himalayenne de « Montagne magazine » ! Ils arrivent au passage de la rimaye, Antoine installe un point d'assurage sur cette fameuse plate forme, Claire passe...Marion passe...et là je vois Antoine exécuter un salto avant droit dans la rimaye : je me dis, il assure le gars pour sauter comme ça sur le glacier...pis les cordes s'emmêlent et je comprends qu'il est tombé dans les explications venteuses données par David. Ouf, il n'est pas blessé. On attend qu'ils nous rejoignent et je redémarre la progression glaciaire confiante, pas très longtemps cependant : je passe dans une crevasse une dizaine de mètres plus loin ! Bon, pas grosse mais quand même ça fait bizarre d'avoir les 2 pieds dans le vide et la neige à la taille. Pas gentil ce glacier...J'en ressors facilement. La descente se poursuit sans problème, il commence à faire bien chaud. La remontée au refuge est bien casse patte. On fait une bonne pause, on trie, on refait les sacs et c'est partie pour le sentier de retour à la Bérarde que Jérôme a redescendu en courant la veille en 3/4h ;-). Et pis pas loin du Carrelet, nous rencontrons Gaston et Gaspard en train de faire la sieste dans l'herbe : bien équipe Gaston et Gaspard : piolet, corde, lampe à huile, sûrement reviennent ils d'une belle aventure !!! On les accompagne jusqu'au village, où la bière nous attend tous. Evidemment au bar, on retrouve que lques gaulois et on échaffaude déjà pour certains le programme des jours qui viennent. Ah les Ecrins...