16-06-2023
Mont Blanc
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Camarade Titi : « Rendez-vous à 11h sur le parking de Cugnon? Comme ça on arrive vers 17h. »

François : « Je voyais plutôt une arrivée au refuge pour l’heure de l’omelette J, on coupe la poire en 2 du coup ? 9h au parking ?

Titi : « ça roule, par contre ils annoncent 6h pour monter au refuge »

François : «  ça me parait énorme, on mettra moins. ;)»

Le rendez-vous est donc fixé à 09h.

Le début de la ballade est agréable, on évolue à la fraiche dans la forêt. L’itinéraire n’est pas très raide mais traverse de part en part la végétation pour arriver 1h30 plus tard à tré la tête. Une petite halte contemplative et on repart en direction du chemin d’été mais 20 minutes plus tard on tombe nez à nez avec un panneau nous indiquant que la passerelle n’est pas encore posée. Thibault arrive à joindre le gardien après 10 tentatives. Le gardien : « Oui elle sera montée aujourd’hui mais dans l’après-midi les gars ! » Secrètement Titi se dit que ça valait bien le coup de se lever tôt pour se taper le glacier au final :)

Demi-tour fissa et direction le glacier où on croise un groupe de 15 personnes de l’UCPA. Arrivé à la neige, elle est déjà bien revenue, les crampons ne sont pas nécessaires. Le glacier est bien bouché, la corde restera sur le sac. On le traverse, puis attaquons le push final fort raide jusqu’au refuge des conscrits. Il est 13h45, pile à l’heure.

Titi déguste ses pates au jambon cru et moi l’omelette tant attendue. Miam !

Lecture pour le camarade, sieste pour moi.

S’en suit 4 superbes parties d’échecs avec le camarade, en taillant la bavette avec Babeth et Didier !

Il est 1h20, le réveil sonne.

Un bol de thé pour l’un et chocolat chaud pour l’autre et rapidement on file se préparer. 2h15, le premier coup de crampons est mis. On s’éloigne rapidement du refuge en direction de la face Nord de Tre-la-Tête. Le regel est bon et la première partie de l’itinéraire est commun avec celui des Dômes de Miages. La pente y est douce, rien de telle pour se réveiller. Je me surprends à fermer les yeux pendant quelques pas pour finir ma nuit trop courte, une fois encore. L’ambiance est paisible, les crampons crissent agréablement dans cette neige bien regelée, la température de l’air est optimafrle, les conditions s’annoncent parfaites.

On arrive au fameux replat. C’est l’heure de bifurquer sur la droite en direction de la face Nord. La corde sort du sac, quelques anneaux et hop c’est parti. Il fait toujours nuit noire, les traces sont discrètes et on attaque la face par la gauche proche des rochers conformément aux recommandations du gardien. La première cordée qui bivouaquait est partie 45 minutes avant nous et prend tout à droite. La pente y est raide mais la neige est parfaite, les mollets se réveillent. On passe quelques petites rigoles et la rimaye est franchie bien à gauche. Elle semble parfaitement bouchée. S’en suit une traversée vers la droite pour aller chercher la seconde rimaye. Ma frontale fait des siennes, j’essaye de la remettre d’aplomb mais elle décide de voler et de glisser dans la face sous la rimaye.

Le jour se lève à peine, je peux continuer sans. La seconde rimaye est passée sans encombre. On évolue à un rythme efficace et régulier tandis que le jour se lève doucement. Une traversée d’une pente raide s’en suit qui nous amène sur le fil de l’arrête pour aller chercher le sommet de l’aiguille. Le ciel rosit, le paysage est magnifique. Et c’est dans cette ambiance grandiose que le sommet de l’aiguille de Tré- la-tête nous accueille chaleureusement. La suite se fait sur le fil dans des conditions de neige exceptionnelles mais nous faisons attention à bien rester sur la trace pour éviter que les corniches ne s’effondrent sous notre poids. Arrivés au couloir de neige, nous avons 2 options : le desescalader ou bien poursuivre sur l’arrête pour aller chercher un plus petit couloir. Une brève consultation et la décision est unanime, l’option 1 est retenue. Il est tout en neige, nous le descendons face à la pente, pointe avant des crampons qui ancrent parfaitement.

La suite est moins pentue et on entame une jolie traversée au – dessus du gros sérac suspendu, magnifique. Une pente de neige s’en suit pour remonter vers le fil de l’arrête en direction du second sommet : la Lée Blanche. L’arrête est effilée et on aperçoit le sommet. Une jolie arrête de rocher nous attend. Ni une ni 2, on rallonge un peu la corde et on attaque le rocher. C’est très grisant et on apprécie de changer d’effort. Le rocher est très bon si l’on reste bien sur le fil, l’arrête est effilée mais ce n’est jamais difficile. Après quelques petits pas d’escalade, et de la marche en moonwalk pour notre titi ;  le piolet se repose dans notre main avant de reprendre le fil de l’arrête neigeuse. Après quelques efforts dans la partie raide sommitale, nous voilà à fouler le second sommet du jour !  La Lée Blanche ! Nous sommes seuls, il n’y a pas un souffle de vent ! Le sommet est un joli dôme en neige lisse !

Je propose au camarade une petite partie de football, le lieu s’y prête bien mais il n’a pas l’air totalement motivé par cette idée. Tant pis ; pause ravito, photos et contemplation avant de filer vers le dôme des glaciers.

Cela déroule très bien après, on poursuit par une fine arrête de neige avant d’attaquer la montée. La trace est parfaite, on évolue régulièrement jusqu’au sommet du dôme qui clôture cette jolie trilogie de sommets ! Nouvelle petite halte pour profiter du paysage, on est dans l’horaire, tout va bien. A chaque sommet je donne un petit croco à mon Titi ; un grand merci à mon Juju qui m’a définitivement converti avec ses petites bestioles de toutes les couleurs. Un skieur nous rejoint peu de temps après. Il faudra qu’il attende un certain temps pour espérer skier de la revenue. Pour nous, piéton ce jour, la neige est encore dure et c’est juste parfait. Entre Dôme de Miages et Arrêtes du Brouillard au Mont blanc en toile de fond, le paysage n’est pas des plus déplaisants.

Notre chemin se poursuit par l’arrête des Lanchettes que l’on descend par des pentes de neige peu raides. Cette partie-là est rando, parfait pour la récup. L’objectif est d’aller chercher le col des Lanchettes qui nous permettra de descendre face nord jusqu’au glacier. Une arrête rocheuse vient nous réveiller un peu. En restant sur le fil, cette partie se passe sans encombre dans une très belle ambiance. Le col est bientôt là. On descend face à la pente, la neige est toujours top condis, les crabes rentrent parfaitement dans l’or blanc. S’en suit de la neige plus revenue où l’on s’enfonce un peu plus mais cela reste tout à fait acceptable. Une fois le petit sérac évité, on va chercher une rampe de neige qui colle une dalle en rocher pour nous déposer sur le glacier plat. Une bien belle école de cramponnage, jamais difficile mais la concentration ne devait pas être relâchée pour autant. Il est 12h15, la pause de 10h d’effort est actée.

On libère quelques couches, hydratation, on refait le monde sur nos récentes lectures de montagne et hop nous voilà déjà repartis. La neige porte encore bien, on peut évoluer à un rythme efficace. Arrivés à la fin du glacier, on peut enfin retirer nos crabes. Délivrance ! La cordée de 3 nous rejoint et bonne surprise, l’un deux a récupéré ma frontale !

La suite du chemin est connue, et toujours agréable. Une petite halte à Tré-la-tête où on s’envoie un coca pour titi et un orangina pour moi avant de s’enfoncer dans la forêt. Après quelques foulées et un petit temps d’effort nous voilà sur le parking du Cugnon, le sourire aux lèvres et des étoiles encore plein les yeux ! Quel voyage !

Merci mon Titi !!