06-02-2024
Belledonne
D
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00 / Les SMS
- Yo. Dispo pour aller grimper à Chamrousse mercredi ? Bisou.
- Faut voir, ça fait longtemps que je n'ai pas sorti mes chaussons mais pourquoi pas
- Ha non mais on prend les pioches, on est en février quand même ! J'ai repéré une petite goulotte bien chouette. Allez viens on sera bien !
 
01/  Pointe d'Escombaille - Est-ce qu'on baille ?
Au pied de la goulotte, on se regarde. L'approche à pied depuis la croix faisait bien crouic crouic dans la neige, mais là à regarder ce qui nous attend je regrette mes chaussons. La glace a pris des vacances aux Bahamas, quant à la neige elle a posé un RTT elle aussi. Aurélien ne se démonte pas devant cette occasion parfaite de s'essayer au dry january en février.
 
La première longueur offre un ressaut court mais vertical, pas évident à négocier quand crampons et piolets crissent sur le rocher. La seconde longueur dévoile un dièdre coincé contre une dalle, nul doute qu'avec des placages ça doit être top mais ce jour-là... J'innove avec une technique à base de "jette tes piolets le plus haut possible, grimpe avec tes mains, récupère tes piolets, et recommence la manip". Pas très académique mais fonctionnel, là où Aurélien se cantonne à la technique plus classique du "touche pas au rocher avec tes mains, c'est sale".
 
La troisième longueur nous offre une belle pente de neige en bonne condition, avant qu'une courte quatrième longueur nous dépose au sommet de la pointe. Un joli spot de picnic, un peu de bronzage et l'occasion de regarder les choucas nous chier dessus en plein vol avec une précision démente. 
 
Un court, simple mais agréable parcours d'arête nous dépose à un collet. De là une L5 s'élève dans le rocher jusqu'à un nouveau sommet. Du fait de son orientation, en plein soleil, cette longueur est rarement en condition et donc rarement parcourue. L'innovation n'étant pas dans nos habitudes, on s'arrête là et nous redescendons par un couloir neigeux jusqu'à l'attaque.
 
D'ici, on pourrait remonter à la Croix pour s'orienter vers une crêpe et une bière, mais ce serait ignorer les besoins naturels du gaillard qui me trimballe en laisse depuis le matin. Le voilà qui cavale vers les lacs Roberts, pour sur il a flairé un glaçon.
 
02/ Casserousse - Dry Alternative
Ha bah voilà, on est maintenant au pied d'une goulotte au style bien plus vintage : une renfougne étroite, parfois proche de la cheminée où, miracle, on devine même des placages de glace survivants. 
 
Mon compagnon s'élance et laisse échapper quelques cris de gorets, tout heureux qu'il est d'avoir trouvé là de la neige qui ancre et de la glace ailleurs que dans son godet. Le voilà même qui sort une broche et parvient à la visser sur au moins 4cm ! Il cavale tellement que nous voici corde tendue, je me force de le ralentir en faisant s'effondrer les derniers vestiges du palais des glaces. L'assurance qu'aucune cordée ne passera derrière nous.
 
En deux longueurs très agréables et de difficulté très raisonnable, nous sommes sortis des difficultés et enchaînons sur une agréable pente de neige, qui nous dépose sur le haut de Casserousse. L'excellente nouvelle, c'est que nous avons encore le temps de rejoindre la croix pour profiter de notre billet de retour. Il ne nous reste plus qu'à filer jusqu'à la maison, non sans ménager un arrêt Tacos, nécessaire pour éviter à Aurélien de mordre dans le premier mollet croisé.
 
03 / La mobilité douce-rugueuse
Sur cette sortie, nous avons testé une autre approche de la mobilité douce. Une mobilité douce pour les plus accros à l'essence, pour les moins sportifs ou simplement pour les loustics qui souhaiteraient profiter d'une sortie à la journée pépère à Chamrousse. Appelons ça la mobilité douce-amère. 
 
Le concept consiste à s'installer dans un train pour se rapprocher au maximum des cimes, avant de poser son cul dans une carriole à mazout pour parcourir la partie restante du trajet. Notre choix de palefrenier s'est porté sur le service Citiz, qui permet de récupérer une calèche en gare très simplement et en s'affranchissant des lourdeurs habituelles des loueurs classiques.
 
Ce premier test nous a semblé très concluant en offrant le meilleur des deux mondes, l'utilisation du cheval de fer entre Lyon et Voiron nous ayant permis une substantielle économie de 200km de mazout, soit 44kg de C02, au prix d'un trajet certe un peu plus long mais très agréable. Ne cachons pas cependant le coût financier supérieur de cette option comparée au classique "covoit Gaulois RDV à Mairie de Bron à 6h ok pour tous ?" Mais faire rugir le moteur de cette petite C1 rouge dans les lacets de Chamrousse en faisant "pouet pouet" au cul de gros Q6 immatriculés dans les Landes, ça n'a pas de prix.