22-08-2023
Mont Blanc
705
2584
3289
D
11h
0

Depuis que les voies modernes équipées au-dessus du refuge Dalmazzi ont été dévoilées à la fin des années 90, nous avions projeté d’aller rendre visite aux deux longues voies de la Pointe 3289 des Monts Rouges du Triolet : Chamois volants et Kermesse folk.

Nous jetons aujourd’hui notre dévolu sur Kermesse folk, un poil plus longue (19 longueurs, 750 m), plus rapide d’accès et plus difficile (5c max) que sa voisine de gauche. La bonne ambiance du refuge et l’environnement serein ne nous incitent pas à nous presser, ce qui nous fait attaquer la voie à 9 h : un peu osé pour 19 longueurs et 19 rappels !

Les premiers passages raides nous réveillent rapidement, et nous enchainons les longueurs, équipées de façon parfois parcimonieuses. L’utilisation de sangles et coinceurs n’est pas absolument indispensable, mais peut rassurer et sécuriser l’escalade, par exemple au-dessus du R1 où le premier goujon est à une douzaine de mètres, avec une escalade bien raide pour l’atteindre.

Nous sommes en chaussons, t-shirt et en baskets pour l’approche, mais carrément au cœur de la haute montagne. C’est tout simplement magnifique et en cette semaine de canicule, nous aurons bien chaud presque toute la journée, malgré une petite brise et quelques passages nuageux.

Petite pause pique-nique au milieu de la voie. L’itinéraire, évident jusque-là, devient plus difficile à lire : ça passe partout, les points sont très espacés, (très) peu visibles et le topo bien vague. Nous perdrons plus d’une heure dans cette deuxième moitié à louvoyer pour rester dans la voie, mais je voulais absolument bien repérer l’emplacement des relais pour la descente, car ils sont souvent invisibles vus du haut. L’heure tourne ; le terrain de la 2ème partie avec des sections peu raides m’inquiète un peu pour les rappels à venir ; j’évoque l’idée d’arrêter à 3 longueurs du sommet… mais Christine trouve que « c’est trop dommage » … et nous décidons d’être joueurs : les frontales sont au fond du sac, on peut continuer jusqu’au sommet !

16h45 au sommet, pas de temps à perdre ! En même temps que Christine court dans la 19ème et dernière longueur, j’installe le 1er rappel. Nous découvrons la vue sur le Mont Dolent, et depuis quelques longueurs déjà, la face N des Grandes Jorasses se détache au-dessus de l’Aiguille de Talèfre : c’est tout simplement superbe ! Quelques photos rapides, puis nous plongeons pour la longue descente en rappels, toujours pénibles et inquiétants dans ce terrain hérissé de becquets et autres pièges à cordes… Soulagement à chaque fois que la corde descend gentiment jusqu’à nous. La 2ème partie de la descente est plus raide et les rappels s’enchaînent de façon plus rapide et plus sereine, même si j’ai parfois eu du mal à retrouver certains relais ; je n’avais pas eu l’impression d’avoir autant tiré vers la droite en montant, il faut donc franchement descendre à main gauche dans cette 2ème partie. Un dernier rappel surplombant nous dépose vers nos chaussures peu avant 20 h, heureux et satisfaits ! 10 mn de moyenne par rappel dans un terrain aussi compliqué, ce n’est pas si mal !

Dans la descente vers le refuge, nous rencontrons les copains qui se sont interrompus dans leur repas pour venir voir où nous en étions : merci à eux pour leur vigilance ! En effet, en cas de problème, il vaut mieux alerter le plus tôt possible, et de préférence avant la nuit. Retour au refuge tous ensemble, première gorgée de bière divine, et repas italien parfait ! La soirée s’attarde en discussions dans la chaude ambiance gauloise, le groupe s’agrandissant avec l’arrivée de Jeanne et Florent.

Une longue et fort belle journée, sur du beau caillou et dans un cadre haute montagne, qu’il serait toutefois plus raisonnable d’attaquer plus tôt : 7 h serait parfait ! Et comme précisé dans les topos, à réserver aux grimpeur.euse.s ayant une bonne habitude des longues descentes en rappels.