12-01-2024
Bornes - Aravis
1500
PD
Tanguy, Raph'
3

Premier jour d'un petit weekend dans la Yaute, nous retrouvons les deux locaux de l'étape, Raph' et Tanguy, en plein cœur des Aravis. Le parking de l'auberge nordique, dans la vallée du Bouchet, forme un frigo que les récente chutes de neige ont recouvert d'un joli manteau, malheureusement déjà bien traffolé par les nombreux skieurs, raquettistes, piétons, luges et autres dameuses turbo V6 11800cm3. Attention, depuis le 1er janvier 2024, ce véhicule n'est plus accepté dans la ZFE de la Métropole de Lyon)..  

 
Notre objectif est le col des Verts, au pied de la Pointe Percée. Là haut, nous espérons trouver une neige froide et agréable, que le dénivelé relativement élevé pour les Aravis aura préservé du labourage précoce. Il nous faut d'abord remonter un étroit chemin dans le sous bois raide, jusqu'à atteindre quelques chalets posés sur un replat, au pied de la jolie combe du Planet. Nous y parvenons sans avoir à déchausser les skis, au prix d'une inventivité folle lorsqu'il s'agit de franchir pierres, racines et ruisseaux.
 
À cet endroit, l'ambiance change totalement, puisque la trace remonte dans de magnifiques pentes à la blancheur immaculée. Ici les bombés succèdent aux raidillons, les collets se superposent aux combettes, les bossellettes égayent les rampes. Tous les ingrédients pour qu'ensemble, nous dansions un beau tango lorsque l'heure sera à la descente. Mais avant ça, il nous faut garder un rythme constant. Nous sommes motivés par la perspective d'un prochain passage au soleil alors que depuis 2h, nous évoluons à l'ombre dans des températures glaciales. Nos corps compensent heureusement en brûlant de nombreuses calories, au prix d'un peu plus de jus de chaussettes. 
 
Nous prenons pied devant le refuge de Gramusset, où une pause s'avère bienvenue. Notre objectif se dévoile enfin à nous. Le col se trouve au fond d'une combe, encadré par les imposantes falaises de la Pointe Percée et de la Pointe des Verts. L'ambiance devient soudain plus alpine, ce qui n'est pas pour nous déplaire. Ce qui ne nous déplaît pas plus, c'est le calme qui nous précède : quelques skieurs, et deux traces de descentes. On ne devrait pas se tomber dessus !
 
Au pied de notre objectif, le dernier ressaut nous surplombe. Nous ne visons pas le col à proprement parler, mais l'endroit le plus haut en rive droite, qui nous promet quelques virages de plus. C'est relativement raide, mais très large, aussi nous nous épargnons quelques conversions au prix de longues traversées. Un premier groupe s'élance du sommet, droit sur nous, nous envoyant de petites plaques, et ne manquant pas de démolir la trace pile au niveau des plates-formes de conversion. Bravo les gars (et filles), merci d'être venus et à bientôt. Au moins, on devine aux hurlements de jouissances que la neige est d'une skiabilité parfaite. À notre gauche, quelques couples de skieurs déboulent prudemment des cheminées de Sallanches, dans un grand bruit de racloir : de ce côté la neige semble bien moins bonne. 
 
On débouche sur la crête, une large corniche guide notre regard jusqu'au Mont Blanc. La vue est royale, aucun doute là dessus. Il fait beau et aucun vent ne vient nous déranger. On contemple la pointe des Verts et son couloir terminal qui nous paraît étroit et bien expo vu d'ici. On y pensera une autre fois, parce qu'à ce moment la question qui nous obsède c'est plutôt "Bon, il est bientôt fini ce sandwich là, parce que c'est pas tout ça mais on a un toboggan à rider !"
 
Lorsqu'enfin vient l'heure du départ, chacun est concentré. C'est que les premiers mètres ne sont pas évident, nos prédécesseurs ont déjà bien gratté la neige et en dessous, les cailloux affleurent. Passé ce petit sas, les rochers disparaissent sous la poudre, et chacun peut se laisser aller à de belles trajectoires, les conditions sont idéales. On esquive un groupe qui monte, tentant d'éviter de leur faire le même sale coup. Le seul problème d'une aussi belle descente, c'est que ça se finit bien trop vite !
 
Dans la combe, on file rive gauche en longeant le pied de la pointe de Chombas. Les cuisses chauffent à mesure que les paraboles s'enchaînent, entraînant quelques jolies gamelles sans conséquences autres que de creuser de larges baignoires dans la neige. La descente n'est que plaisir, jusqu'à ce que le groupe ne vienne buter en haut d'une barre, à la sortie de broussailles. On a tiré trop main gauche, voilà qui nous apprendra à suivre des traces. Nous nous extrayons de ce mauvais pas en nous engageant à pied dans un étroit et raide goulet, qui nous ramène dans les traces de descente. Ici, nos doutes se dissipent à la vue de l'autoroute de trafolle qui nous guide entre les arbres. L'arrivée à la voiture se déroule sans encombre pour les skieurs du groupe, quand le spliteu fera son taff de spliteu: "hé gnagna c'est plat, et gnagna j'ai pas de bâton, et gnagna on aurait du passer ailleurs".
 
La journée s'achève comme il se doit autour d'une petite mousse et d'un debrief en règle de cette magnifique sortie, malgré une polémique sur le dénivellé total. 1400 d'après le topo, 1600 d'après l'altimètre, 4710 d'après nos rêves. Une étude attentive de la carte nous donnera 1500m et toutes nos dents, ce qui est déjà pas si mal.