_ Dis, tu te souviens ? Je t'ai déjà raconté.
_ Ben non, j'ai le ciboulot ramollo, les neurones atones, les synapses qui collapsent, bref, la mémoire comme une passoire.
_ Et bien vois tu, même comme ça au Gaul on t'aime.
_ Vous êtes vraiment sympas. Câââlin.
_ Oui, je sais. Et je reprends. C'était l'hiver, nous étions partis quelques jours dans le Queyras avec Aurélien. Avec les super conditions de glace encore présentes malgré quelques jours de redoux et la météo grand beau c'était l'occasion de parcourir une belle ligne classique à Ceillac : les Formes du Chaos.
Arrivés les premiers au pied, c'est important pour la sécurité. Suite au traditionnel pierre-papier-ciseaux j'ai ouvert la première longueur, facile et très marquée. Aurélien s'est ensuite employé dans la deuxième entre un petit champ de pétales, une vilaine cloche sur laquelle ne surtout pas poser le pied, un passage raide malcommode qui réservait une bonne douche. Après un joli départ dans la grotte la troisième longueur comportait les mêmes ingrédients dans le désordre.
Dans cette première section la ligne porte bien son nom. Et l'escalade se déroule au son impressionnant de l'écoulement de la cascade parfois visible sous les cloches et dans les trous : je n'avais jamais grimpé avec autant de bruit !
La quatrième longueur, plus sereine nous a menés au pied de la dernière étrangeté de cette voie. En effet, la cinquième longueur qui se déroule dans une étroiture très esthétique débute par une fine dentelle, derrière laquelle l'écoulement est bien visible, suspendue au-dessus d'une vasque d'eau. Trop fin ce jour pour nous, pas envie de poursuivre la journée par une baignade, nous sommes donc sortis pour cette fois par le chemin où nous avons eu l'occasion de discuter avec l'ouvreur de cette ligne magnifique, M. Hugues Jaillet, guide local encore très actif en escalade sur glace.
_ Ah dis donc ça fait envie. Tu me montres des photos ? La prochaine fois je peux venir avec vous ?
_ Yep, vivement l'hiver !