30-09-2023
Grandes Rousses - Arves
AD
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Ce week-end, François et moi parvenons enfin à nous coordonner pour aller grimper. Je ne peux lui offrir sa tendre Amédée, ni un Grand Capucin, mais l’arrière saison combinée à une première course estivale ensemble font clignoter l’aiguille Méridionale d’Arves parmi mes envies du moment. Je ne suis jamais monté sur celle-là, mais j’ai toujours trouvé le rocher du coin moins pire que ce qu’on en dit. "Terrain très médiocre", "ça parpine sec", le topo m’encourage et me donne la force de convaincre François. "Qu’est-ce qu’il faut pas faire pour s’encorder avec toi", qu’il me dit en me récupérant dans son auto maléfique.

Nous partons de Valfroide dans l’après-midi et montons "tranquillement" (pour François, donc 600m/h) vers le bivouac. Le cadre est idyllique, tout est là ; la Meije et ses copains, le lac du Goléon, un vallon large et sauvage, et notre aiguille qui nous fait déjà des clins d’oeil. Le bivouac, tout plat, proche de l’eau et du sentier, ne gâche rien. Après les quiches habituelles, je m’endors tranquillement, bercé par les récits Peutereysques de mon camarade.

Nous décollons tôt, nous ne voulons pas manquer le lever de soleil depuis la pointe Salvador ; nous l’attendons finalement 40min, et la nuit très douce nous parait alors bien assez fraiche ! S’en suit un cheminement plus chamois que grimpeur, jusqu’à la brêche Brulle, ou un mini-rappel nous dépose à la superbe vire qui raye la face E jusqu’à l’aplomb du sommet. L’ambiance est détendue, conviviale, il semble qu’en-dessous de 4000m François ne se sente pas vraiment en haute montagne.

Tiens, fin de la vire, il faut à présent grimper ! Quelle drôle d’idée, en cette journée contemplative. Nous remontons les quelques encablures qui nous séparent de la brêche supérieure dans un rocher qui demande tout de même un peu d’attention. Ca se protège assez mal, fort heureusement on dépasse à peine le III, et surtout la section est jalonnée de spits qui nous rassurent sur l’itinéraire tous les 15-20m.

Vient à présent le terrible Mauvais Pas, seule difficulté restante. Je m’engage tel Louis dans le mur de 40m au grand Cap, mais…. Rien. "Putin mon bon Juju, il est en train de rien voir !", jubile François depuis le relais. "Ah oui en effet il y a des bacs partout", jubile François dans le pas 3min plus tard. Nous n’avons vraiment pas compris la cotation 5b (voire 5c !) sur les topos, et on ne peut pas dire que nous étions dans la grimpe de notre vie.

Toujours est-il qu’après un bout de jolie dalle bien compacte, il ne nous reste qu’une cinquantaine de mètre sur une arête débonnaire pour atteindre vers 11h le sommet, ma foi tout à fait esthétique. Je ne pense pas avoir à détailler la vue que l’on y gagne ; souvenez vous simplement qu’on voit les aiguilles d’Arves depuis à peu près partout du 74 au 05, ensuite réfléchissez deux secondes. Le plaisir de ce genre de journée… plaisir, résidant aussi dans l’absence de pression horaire, j’aime autant vous dire qu’on en profite pleinement. Plus d‘1h après être arrivés, nous nous levons mollement pour nous diriger vers la face S, que nous dominons de la brêche supérieure après 2 rappels.

L’ambiance change radicalement, de ce côté-ci la réputation de tas de merde de l’aiguille est totalement validée camarade. Quelques rappels bien pourris et un peu de désescalade bien merdique plus tard, nous arrivons au Col Lombard, puis bientôt au bivouac. Le retour au parking est assez rapide  ; le tacos de Gières, enfin, est atteint pile à l’heure du diner.

En conclusion, je ne peux que recommander chaudement cet itinéraire qui, s’il n’offre pas une grimpe majeure, propose un itinéraire fort astucieux dans un rocher pas si pire, menant à un vrai repère entre Alpes du sud et Alpes du nord. A choisir cependant, l’aller-retour par l’arête SE ; oui, une boucle est toujours plus sympa, mais pas là !!

Merci mon François pour cette belle balade à l'ancienne (et surtout pour les crocos au sommet) !