20-03-2024
Ecrins
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Juju : « C’est clair qu’il fait doux c’est impressionnant ! Mais dans ce cas le col de la Roche Faurio serait tout indiqué mon François »

C’est toujours dur d’esquiver une propo comme ça de ton camarade qui est au sommet de sa forme après un 4000 à la journée. Et ce, même si t’es pas sûr à cent pour cent des condis …

Les prévisions météo ultérieures vendent clairement pas du rêve pour espérer droper dans ce genre de truc prochainement.

Après avoir un peu gamberger, je lui dis que c’est feu vert de mon côté. L’heure tardive de ma réponse n’entache pas à sa motivation indéboulonnable !

Juju : « Par contre on arrivera tard au refuge, soyons clair… »

François : « Pas grave, j’ai mis ma frontale charger. »

Et c’est sur ces bases qu’on attaque la montée au refuge de l’Alpe de Villard d’Arène à la tombée de la nuit. L’ambiance est très sympa, c’est calme, il fait incroyablement doux. Une montée à la cabane de nuit ; une première pour moi, qui affectionne d’habitude d’arriver le plus tôt possible. ?

Juju : « C’est de plus en plus récurent cette saison où j’attaque de nuit ! » A l’ancienne ….

Après avoir refait le monde sur cette approche tranquille, nous voilà à fouler le parvis de la cabane. Les gardiens sont là et préparent l’ouverture du refuge prévue pour ce week end. Le camarade me propose d’aller à celui d’hiver pour s’assurer d’avoir une nuit fraîche mais calme.

C’est parti, nous voilà dans l’abri pour nous tout seuls. C’est cool, on de la place !

3 couvertures sur nous et hop on s’endort paisiblement.

5h30, le réveil sonne.

Un ptit déj léger et nous attaquons la descente vers le grand plat direction le plan de Valfrouche. Les couleurs matinales sont de toutes beauté. Après quelques bornes de plat, le couloir se dévoile enfin. Superbe tobogan qui semble plutôt en bonne condis, de visu. Un petit dépôt de raquettes pour Juju, de peaux et couteaux pour moi et hop le camarade attaque le travail à la trace. Nous choisissons la goulotte encaissée en Y à gauche du gros rognon. La neige y est très changeante, parfois le pied s’enfonce, parfois non.

Juju « c’est le lieu de concentration des coulées du haut, ce sera mieux en haut ! »

François « Espérons camarade ! »

Il n’y a personne par ici, nous sommes seuls. On se relaye régulièrement à la trace pour arriver au sommet de ce run de 1000 mètres. Une fois sorti de la goulotte, on trace dans de la vraie poudre ; le mental prend un sacré coup de dopamine !!! Trop bon !

Mais l’effet de la piqure est de courte durée, nous retrouvons de la neige très ferme. Légère déconvenue.

Nous espérons trouver de la neige plus meuble en rive droite et rive gauche de la ligne. Au bout de 400 m de déniv, on semble pouvoir toucher le col du doigt, mais la montre nous indique qu’il reste encore bien 600 mètres à tracer. Assez trompeur, c’est un mirage !!! Grande ambiance dans ce tobogan, le panorama est de toute beauté. On se remet au boulot, pas après pas.

Après 600 mètres de déniv, la pente se raidit encore. Nous traçons à côté d’une jolie langue de glace, ici le sol est ferme avec le fond dur pas loin. Une fois le glaçon derrière nous, la neige y est plus correcte. La lueur du soleil nous happe vers le col et nous donne du baume au cœur ! Les derniers 30 mètres sont étroits et on débouche sur une petite plateforme sous une corniche. Un dépôt de sac et nous voilà poser au col sous la chaleur du soleil ! Le glacier Blanc, Barre Noire (qui est bleue), la Barre et le tout sans âme qui vive ; la voilà notre récompense après le labeur. Une grande accolade et quelques crocos sont de rigueur ; les basiques sont respectés. C’est maintenant l’heure de droper.

Un petit chifoumi et la chance me sourit. J’attaque en premier. Je lance deux virages mais la suite ne me fait pas rêver, c’est étroit avec plein de relief partout, je dérape donc sur une vingtaine de mètres. La neige y est plus meuble ensuite et nous pouvons envoyer des virages sautés, il y a une bonne accroche ! Nous ridons jusqu’au-dessus de la glace puis Juju prend les devants. Il envoie des virages et me dit dans la foulée « C’est plus dur par ici ! » Connaissant son curseur assez haut placé quand il s’agit de béton, je dérape une nouvelle fois sur une vingtaine de mètres sur la partie adjacente à la langue de glace. Le tobogan s’élargit ensuite et nous enchainons en calant nos virages dans les contrepentes en visant les endroits de neige plus meuble. Arrivés au - dessus du rognon, on prend plaisir à tailler quelques courbes dans de la super poudre ! Puis, nous décidons de droper dans la branche de gauche de la goulotte. La neige y est bonne sur le haut mais rapidement elle devient moyenne.

Nous retrouvons nos affaires au pied de la ligne. C’est dans de la neige tranfo bien cuite que nous nous laissons glisser ensuite. Nous n’échapperons pas à une phase de raquette pour Juju et peautage pour moi pour rejoindre le refuge. Même avec ce matos, le camarade s’enfonce un pas sur deux dans cette neige détrempée. Nous retrouvons le refuge d’hiver sous la chaleur du soleil printanier. La descente jusqu’au parking se fera dans de la transfo plutôt agréable à rider.

Malgré une qualité de neige moyenne, ce fut avant tout une superbe journée en montagne avec le camarade.

Merci Juju !!