19-05-2024
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Denis
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Le voyant défaut moteur de Titi s’allume après une légère accélération dans une montée. Le risque de passer le week end chez le Père Noel aux Mélèzes à enchainer des bières n’est pas négligeable. Mais c’était sans compter l’expérience du camarade sur ce genre de problème, la caisse arrive au col du Lautaret sans tracas. Une pause de 15 minutes et le défaut s’envole comme par magie. Nous reprenons la route sereinement vers le Pré de Madame Carl.

Arrivé là-bas, le parking est déjà bondé. Nous retrouvons Minou et Denis 50 mètres plus bas.

Moyennant un petit peu de portage jusqu’au lac puis quelques conversions dans de la neige bien humide qui part sous les lattes, nous voilà à toper le refuge du Glacier Blanc.

Le gardien annonce 100 personnes pour aujourd’hui. C’est sur des bases de baby-foot et parties d’échecs que l’on occupe notre temps avec de bonnes parties de rigolades ! Nous mangeons à la table de Nico, un camarade guide des Ecrins, ça fait bien plaisir de le voir.

3h, c’est l’heure où le réveil devait sonner.

Mais il fait tellement chaud dans ce dortoir plein à craquer qu’on délaisse nos paillasses à 2h45. C’est une délivrance ! En voyant Titi s’envoyer des nouilles chinoises au réchaud à 3h du mat, je me dis que je pars le ventre léger ce matin. ^^  

3h40, nous voilà dehors avec la frontale vissé sur le casque. La team est prête : Titi, Minou et Denis ! Mes trois camarades partent skis au pieds, je les accompagne en crampons. Sur la trace, le regel est excellent, en dehors, beaucoup moins. Nous évoluons dans la nuit sous le doux bruit des objets métalliques mordant la neige. Le rythme est régulier, tel des métronomes sous le ciel étoilé.

5h15, le jour se lève doucement. Cela laisse entrevoir les silhouettes imposantes de la Barre et du Dôme. Nous passons sous le Refuge des Ecrins, certains sont en train de descendre vers le Glacier Blanc. Le top est lancé.

La Barre rosit lentement sous les premiers rayons du soleil. Un plaisir pour les yeux. Et rapidement le Dôme commence à prendre feu. Nous stoppons sur le plat et faisons un point. Barre noire et le Dôme sont vierges et semble en top condis. Mes camarades semblent avoir moins de motivation pour passer par Barre Noire. Le Dôme les appelle !

Ne voulant pas me laisser seul, le camarade Titi décide de se joindre à moi. Il prend la trace et bifurque en direction du pied de Barre Noire. Je prends sa roue pendant que Denis et Minou se lancent dans la course au Dôme. Titi attaque le cône, je lui fais un relais et stoppe rapidement, ça devient trop raide en spatules pour moi. Il poursuit jusqu’à la rimaye mais après une analyse rapide, il décide de dépoter et me rejoindre. Le camarade préfère retrouver Denis et Minou au Dôme.

Une fois les crabes aux pieds et la board vissée sur le sac, j’attaque l’ascension pour tester un peu cette neige. Ça brasse. Au niveau de la rimaye, je passe du temps à chercher le meilleur passage. Même si elle est très bien remplie, la prudence est de mise. 4 skieurs arrivent en contrebas, je me dis que si je les attends je pourrai m’encorder avec eux pour passer la rimaye. Mais ils n’avancent pas. Au bout de 25 bonnes minutes, je trouve un passage en y allant aux genoux et en me faisant le plus léger possible. La suite n’est plus mentale, elle est juste physique.

J’attaque le chantier dans cette neige au top. Un traçage à l’ancienne est de rigueur ici. Créer une petite marche pour le pied en s’aidant du genou. Au milieu de la ligne, la consistance de la neige change et j’arrive à choper une surface ferme à mi - tibia type poudre tassée. Je gagne en efficacité, c’est bon pour le moral ! Un skieur en solo venu d’ailleurs me reprend aux ¾ de la ligne et me propose de me faire un relai. Comment refuser une telle proposition ! ?

20 mètres avant le haut de la Barre on se prend une douche de sluff balancé par deux skieurs attaquant la descente ! Dur après ce taff que deux bipèdes te coupent l’herbe sous le pied !! Mais ça va ils sont plutôt sympas. La vue est saisissante en haut du couloir. Le Dôme, la Barre et le voile nuageux qui commence à les envelopper me plonge dans une superbe ambiance. Les skieurs viennent de rider la Barre, mais me disent que les rochers sont affleurants et qu’ils ont touché un peu partout. Elle était dans un coin de ma tête et elle y restera pour aujourd’hui.

Je profite du moment avant de me préparer pour droper dans Barre Noire. Un petit message à Minou, (surement déjà au sommet du dôme) pour lui indiquer que j’attaque la descente et hop c’est parti ! Le haut est bien raide mais avec les conditions du jour, c’est une vraie partie de plaisir ! Une fine langue de glace en rive gauche sur même pas dix mètres est juste là pour mettre un peu de pression. L’ambiance est au rendez-vous, c’est beau, c’est large et c’est soutenu ! Le tout soupoudré par de la neige de grande qualité.  Les virages s’enchainent sans pression mais avec de la concentration quand même. Une fois dans le cône, je repère de loin la veste jaune de Minou qui me fait signe. Je rejoins mes trois camarades summiters sur le glacier.

Tout le monde a la banane, chacun s’est fait plaisir dans une neige au top !  Nous nous laissons glisser ensuite dans de la transfo à souhait. Un petit arrêt pour manger une omelette au glacier blanc avec Denis. Puis nous retrouvons le Pré de Madame Carl moyennant un petit peu de portage.

Et c’est au bar de la Grave, avec bières, coca et crêpes que s’achève cette super journée en montagne.

Merci les camarades !