12-01-2024
Grandes Rousses - Arves
30
2150
2180
6h
1

Ce weekend, c’était activité découverte/initiation à l’escalade de cascade de glace !
Nous sommes allés en Oisans, à 5 personnes, dont Emeric A notre encadrant pour le weekend.

L’équipe est clairement motivée comme jamais, même si Emeric essaie de nous tempérer. Selon lui, nous devrions tous se poser la question « Mais qu’est-ce que je fous là ? ».

Depuis notre camp de base de Besse en Oisans (merci Meuhmeuh), nous prenons la route pour l’Alpe d’Huez. Les falaises surplombant le Lac Besson nous attendent, avec leurs nombreux secteurs de cascade de glace. Météo parfaite, ciel bleu, pas de vent, et même une très bonne neige (dommage pas de ski ce weekend).

On sort des télécabines qui nous déposent à 2100m d’altitude, Emeric fonce tête baissée sur le premier chemin qui semble mener au pied des secteurs… c’est raté, il faut faire demi-tour pour rattraper un chemin plus haut. Nous sommes à présent à la poursuite d’un gros groupe qui se dirige lui aussi sur les cascades. Va-t-on pouvoir grimper tranquille ? Arrivée à leur hauteur, Emeric décide de s’arrêter dès la première cascade rencontrée, sur le secteur appelé « Chacal Bondissant ». Bon choix semble-t-il, nous sommes tranquilles, bonne glace, belle longueur, belle vue sur les massifs nous entourant.

La voie choisie est donc « Chacal bondissant », cotée II 4. 100m en trois longueur. Mais nous nous contenterons de la première longueur en 3+/4, avec deux départs possibles, et une verticalité de 75/85°. 
Un peu raide pour une initiation ? Mais non, c’est une Emerication, version cascade de glace !

Emeric nous pose une moulinette sur le départ de droite, tout en nous expliquant toutes les techniques pour progresser sur ces parois glacées. Faut bien qu’il joue son rôle un peu !

Puis c’est au tour des débutants de s’élancer. Guillaume et Julie grimpent, pendant que Sylvain et Valentin s’entrainent à poser des broches et fameux Abalakov. Emeric ouvre ensuite le départ de gauche pour qu’on puisse tous grimper en simultané. Ca y est, le taff d’Eméric est « terminé », c’est bronzette un peu plus bas à présent. 

Les sensations sont supers. Les piolets tiennent incroyablement bien dans la glace, et on peut même s’y tracter sur un bras sans trop de problème. Les crampons aux pieds permettent bien évidemment aussi de progresser, d’apporter de la stabilité, et de ne pas trop se fatiguer les bras. 
Bref, nous sommes tous conquis par cette activité, et c’est même Emeric qui se dit « Mais qu’est-ce que je fous là ? C’était un weekend à faire du ski de randonnée ! ».

Guillaume grimpe déjà en tête dès sa deuxième voie, alors que Julie, Sylvain et Valentin continuent de prendre leurs marques en moulinette.

Les « débutants » rejoignent Emeric plus bas pour le casse-croute au soleil. Emeric attendait-il qu'on le nourrisse ? ... Il ne fut qu'à moitié sustenté a priori...  

Un binôme (guide? + débutant) en profite pour s’engager à leur tour sur Chacal bondissant. Contraire à leur annonce initiale, ils enchaînent sur la 2ème et 3ème longueurs de la voie. 

 

[Changement de point de vue narratif - Valentin]

A mon tour de grimper en tête, je me sens suffisamment à l’aise pour me lancer, sous la bénédiction de l’encadrant.
Il y avait quelques broches laissées sur la paroi, et je pars avec 4 broches supplémentaires sur le baudrier. Cela me parait tellement peu à la vue de l’espacement entre celles encore sur la paroi. Mais c’est parti ! 

Mentalement, cela n’est clairement pas la même histoire. D’autant que la manipulation des broches/dégaines est vraiment hasardeuse avec des gants de ski si épais. J’ai peur de laisser échapper du matos. L’espacement se fait néanmoins nettement moins ressentir qu’en escalade sportive sur rocher, et j’arrive à progresser sans trop stresser. Merci aux piolets si solidement ancrés.

J’arrive à 2 mètres du relais final de la voie quand deux gros morceaux de glace me frappent, l’un sur le casque, l’autre sur l’épaule droite. Je suis franchement sonné par le coup sur l’épaule, ma respiration s’emballe, mais je reste solidement accroché à mes piolets qui étaient fermement enfoncés dans la glace, et mes crampons étaient plutôt bien crochetés sur la paroi. La sensation de fourmillements s’empare sur le haut de mon corps, jusqu’au visage. Je suis au dessus de ma dernière broche enfoncée dans la glace, et sur une portion de traversée sur la gauche. Donc je ne peux pas relâcher ma position au risque de chuter avec le balan qu’on redoute tous.

Mes compagnons de cordée, sur la neige en bas de la cascade essaient de comprendre ce qu’il s’est passé. Après avoir repris ma respiration, je parviens à leur dire que j’ai mal à l'épaule et que je n’arrive pas à bouger mon bras droit. Par chance, il y avait toujours la deuxième voie en moulinette. Julie en redescend illico, et Emeric grimpe en moulinette les 25m très rapidement pour venir me secourir. Il pose une broche à mon niveau et passe ma corde dans la dégaine afin que je redescende sur ce point. Tout cela m’a paru durer une éternité, mais je suis enfin sur la neige, ouf.

Sylvain, mon assureur, ayant vu la scène se dérouler, me dit que les morceaux m’ayant frappé faisaient environ la taille d’une tête humaine (un peu moins peut-être). Les morceaux de glace avaient forcément été projetés pendant la progression de la cordée au-dessus de nous.

Je reprends mes esprits, et Emeric me fabrique une écharpe avec une sangle et un mousqueton.

On redescend en télécabine jusqu’à la station de ski de l’Alpe d’Huez, je vais au centre de santé, pour passer une radio de l’épaule. A priori, rien de cassé, juste une contusion. Je ne peux à peine bouger le bras sans douleur. 

Quel dommage, demain cela sera repos forcé, chez Marie-Claude, propriétaire de « La Cordée », hôtel-restaurant à St-Christophe-en-Oisans, pendant que les copains s’amusent dans la Vallée du Diable.

 

Merci à Emeric pour l’encadrement, et le sauvetage.
Merci au groupe d’avoir porter mon matos après mon accident.
Merci au groupe de m’avoir accompagné à l’hôpital et attendu pendant plus de 2h je suppose.

 

Nous terminons la journée de manière réconfortante avec une boîte chaude (même s’il fallait se battre pour le gratiné), sans oublier le jambon cru et les tomates cerises très affectionnés par Emeric (avis aux futurs « boulets »)… et le traditionnel génépi.