14-09-2023
Valais
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Les projets alpi sur plusieurs jours germent souvent dans la tête du grand, à mon grand plaisir de partir comme cela en itinérance au coeur de la montagne.
Le premier projet de la dent blanche sur trois jours ayant avorté , une autre idée lui vient à l'esprit , la traversée du grand cornier avec deux nuits dans la montagne, une au col de la dent blanche et une à Moiry.

Nous voilà donc parti sous un crachin suisse , sur le sentier qui mène au refuge de la dent blanche, beaucoup de monde pour l'ascension de cette belle dent ; nous bifurquons pour laisser la foule , nous sommes seuls, nous montons tout d'abord dans un pierrier gigantesque pour atteindre le glacier, l' encordement est de rigueur car quelques trous jalonnent notre itinéraire, la progression est difficile car la neige est inconsistance, Emeric fera la trace, non sans peine, et pour moi c'est assez confortable à l'arrière.

Après 1600 m de dénivelé nous arrivons enfin à un petit paradis , le bivouac du col de la dent blanche , la dent nous domine, le temps se suspend, c'est magique ,les nuages bien présents jusque là se déchirent pour laisser entrevoir la succession des 4000 de zinal, la dent fume, comme un volcan prêt à entrer en eruption, la face nord se dévoile et tout fini par se dégager nous offrant un superbe coucher de soleil, quel cadeau pour finir cette journée.
Le froid commençant à pincer, nous nous refugions dans la cabane, petite popotte en compagnie de deux autrichiens qui n'en finissent pas de manger, puis un dodo salvateur sous quatres couvertures pour moi bien au chaud, un peu moins pour Emeric.

Nous décollons à 5h30 du matin , tout d'abord sur du terrain facile ne nécessitant pas d'encordement, mon soucis c'est le vent qui me frigorifie et sa morsure me fait terriblement mal m'obligeant à sortir les moufles pour cette partie non grimpante, je récupère un peu , on s'encorde, cela grimpe un peu , je range les moufles, l'évolution sur cette arête n'est pas difficile cela déroule bien, mis à part quelques passages de désescalade qui m'ont donné quelques difficultés .
Après un beau rateau , nous atteignons le sommet du grand cornier; la vue est magnifique sur la dent blanche, le cervin et les 4000 de Zinal.
Nous attaquons la descente, je passes devant avec en tête les passages de désescalade passé le matin et donc avec un peu d'appréhension, cela passe bien avec certes un peu de lenteur et de moulinage.
Nous arrivons au point le plus délicat de la course , prendre pied sur le glacier, deux autres cordées évoluent avec nous et chacun prendra des directions différentes , cela parpine et la glace est présente, une cordée décidera d'affronter cette glace en brochant; de notre côté on décidera d'éviter la glace et de faire deux rappels pour rejoindre la neige, on trouvera un rappel déjà en place et le deuxième posé par les soins d'Emeric qui aura tenu sous nos deux poids et qui nous emmènera en douceur sur la neige, soulagé nous continuons la route sur ce beau glacier, une grande étendue blanche; cela me rend euphorique , c'est magnifique ce désert blanc, moment de plénitude avant de rejoindre le refuge de Moiry où nous attend la foule, le contraste nous bouscule, une bonne bière ,un bon diabolo menthe ,un repas surchauffé, un passage de bouquetin, un gros dodo et c'est reparti le lendemain pour une journée de rando pour rejoindre la vallée de départ.

Très belle rando avec de beaux lacs , des bains de pieds délicieux , des vaches gentilles , des suisses gentils aussi , prendre enfin le temps d'observer les petites fleurs, de rêvasser.
Les jambes fatiguent un peu lorsque nous arrivons à la jonction du sentier et de la route, il nous reste encore 1 km à parcourir sur le bitume, il est décidé que je ferais le trajet sans sac mais c'était sans compter notre sauveur aveyronnais qui nous a remonté jusqu'à la voiture, ils sont sympa quand même ces aveyronnais.

Merci Emeric pour ce voyage au pays des montagnes suisses, un grand cornier pour un grand aveyronnais.